b) Un mode de gestion en expansion

Le territoire français est recouvert de réseaux régionaux qui regroupent les acteurs locaux de l’éducation à l’environnement. « En 2007, on dénombre 16 réseaux régionaux d’éducation à l’environnement actifs et de statuts associatifs ouverts à tous, ainsi que 8 réseaux départementaux de même nature. Les échelles régionales de réseaux se dénomment pour la plupart « GRAINE » : Groupe Régional d’Animation et d’Initiation à la Nature et à l’Environnement. » (Ecole et Nature81, 2007, p. 6) Les cartes ci-dessous montrent la répartition de ces réseaux sur le territoire national.

CARTE 4 : Réseaux régionaux d’éducation à l’environnement (Ecole et Nature, 2007, p.8)
CARTE 4 : Réseaux régionaux d’éducation à l’environnement (Ecole et Nature, 2007, p.8)
CARTE 5 : Réseaux départementaux d’éducation à l’environnement (Ecole et Nature, 2007, p.9)
CARTE 5 : Réseaux départementaux d’éducation à l’environnement (Ecole et Nature, 2007, p.9)

Ces réseaux ne sont pas de nature fédérative. Ils ont adopté « un fonctionnement « horizontal » et « participatif » [qui] permet à tout acteur de s’investir à l’échelle du territoire qui lui correspond » (Ecole et Nature, 2007, p. 6). Ces réseaux jouent un rôle actif dans l’émergence d’une gestion concertée de l’ERE. « Depuis leur création, les réseaux territoriaux assument une fonction importante de représentation de leurs membres, et plus largement de l’éducation à l’environnement sur leur territoire. […] La présence des réseaux est particulièrement forte auprès des instances de consultation des collectivités territoriales, que ce soit à l’échelle intercommunale, départementale ou régionale […], ainsi qu’à l’international auprès des instances dans le cadre de la Décennie de l’Education au développement Durable (EDD). » (Ecole et Nature, 2007, p.25). De là a émergé un certain nombre de plateformes régionales, du même type que celle de l’ERC-EEDD qui mettent en place des plans d’actions régionaux, des conventions cadres des déclarations d’engagement ou des chartes régionales. La carte ci-dessous établit l’état des lieux de ces accords.

CARTE 6 : « Dynamiques de représentation » (Ecole et Nature, 2007, p.27)
CARTE 6 : « Dynamiques de représentation » (Ecole et Nature, 2007, p.27)

Le modèle de la gestion concerté en ERE est certes émergent mais il est déjà implanté dans d’autres territoires. Il présente l’avantage de sortir d’une vision strictement instrumentale de l’ERE, comme outil de valorisation de la collectivité ou du décideur politique. Il permet également par la concertation et le dialogue d’avoir une vision plus large des enjeux de l’ERE sur un territoire. Ce mode de gestion apparaît comme un moyen pertinent de réduire les angles morts de l’ERE et d’aller vers une éducation pour tous et tout au long de la vie.

Il est intéressant de noter qu’au regard de la théorie des parties prenantes, la gestion segmentée et la gestion concertée de l’ERE renvoient à deux focales théoriques différentes. La gestion segmentée découle d’une logique organisationnelle. Elle provient de la relation bilatérale d’une ou de plusieurs structures d’ERE (le plus souvent des associations) et d’un décideur politique local. Le rapport de force entre les deux parties prenantes est alors déséquilibré car les premières dépendent en partie des subsides du second pour développer leurs projets, voire parfois pour subsister, d’où le passage de plus en plus fréquent des subventions aux appels d’offres. Dans le cadre d’appel d’offres, comme nous l’avons déjà souligné, c’est le décideur politique qui devient mettre d’œuvre. C’est une manière d’affirmer son emprise sur ces partenaires, par ailleurs de plus en plus concurrencés par le secteur privé. C’est ce qu’illustre la figure ci-dessous.

Figure 39 : Rapport bilatéral d’une gestion segmentée de l’ERE
Figure 39 : Rapport bilatéral d’une gestion segmentée de l’ERE

La gestion concertée est une forme de gouvernance qui s’exerce à un niveau d’échelle plus petit, ce qui implique de fait, un plus grand nombre d’acteurs. On s’extrait alors de relations bilatérales pour aboutir à des relations multipartites. La présence à plus petite échelle d’un réseau régional tel qu’un GRAINE, redessine les rapports de force entre les parties prenantes et permet de faire émerger un dialogue entre les acteurs et de confronter leurs visions des enjeux de l’ERE sur leur territoire, tel que l’illustre la figure ci-dessous.

D’où la notion de gouvernance désignant ici « l’ensemble des règles et pratiques en gestation dans les organisations publiques et privées faisant l’objet de compromis incessants » (BONNAFOUS-BOUCHER M. et PESQUEUX Y., 2006, p. 251).

Figure 40 : Rapport multipartites d’une gestion concertée de l’ERE
Figure 40 : Rapport multipartites d’une gestion concertée de l’ERE

Notes
81.

Ecole et Nature est le réseau français regroupant l’ensemble des acteurs de l’ERE en France parmi lesquels on comptait en 2006 : 860 associations, 125 collectivités ou établissement publics, 27 entreprises, 22 établissement scolaires et 800 personnes physiques (Source : Ecole et Nature, 2007).