Conclusion

Pour conclure, les décideurs politiques locaux et régionaux ont un rôle important dans la mise en place d’une éducation relative à l’environnement. Depuis une dizaine d’années, l’Etat les a placés, par le jeu de la décentralisation, au cœur de l’ERE. Ils sont aujourd’hui dans la situation de créer ou non, un contexte favorable à l’émergence d’actions et de projets d’ERE. Paradoxalement, les collectivités territoriales n’ont pas de compétences d’éducation relative à l’environnement. Elles investissent le champ de l’ERE par les compétences dont elles disposent dans le domaine éducatif ou dans celui dans l’environnement. Même si elles n’ont pas toutes le même niveau d’engagement, d’une manière générale, on observe une prise en charge croissante de l’ERE par les décideurs politiques locaux et régionaux en ERE. Leurs modalités de fonctionnement sont proches mais derrière de fortes ressemblances se dégagent deux modèles de gestion de l’ERE : une gestion segmentée et une gestion concertée. Derrière ces divergences de fonctionnement, c’est la place des structures d’ERE et plus particulièrement des associations qui est en jeu. Ces dernières jouent aujourd’hui un rôle moteur dans le milieu. Elles sont forces de propositions mais seules, leur pouvoir d’action est limité. Toute la question est savoir quelle place les décideurs politiques souhaitent laisser à l’avenir à ces structures qui sont une émanation de la société civile. C’est un choix de société, un choix politique au sens étymologique du terme – vie de la cité-..

Quel que soit l’angle par lequel on aborde le développement durable, la notion nous confronte à des choix politiques par son origine, par sa nature et par ses implications. Le développement durable est en effet né sous l’impulsion des instances internationales (ONU ; UNESCO) qui ont joué un rôle décisif dans la formalisation et la diffusion de la notion. Cette notion évèle l’identité, les croyances mais surtout le fonctionnement d’une société. Une société qui fait le choix d’un développement durable croit dans le progrès de l’humanité qui avance dans un temps linéaire et cumulatif vers le développement. Certes, toutes les Nations n’avancent pas au même rythme, mais toutes avancent sur les deux jambes de la connaissance et la technique. Le développement durable est l’expression d’une société moderne et industrielle qui persiste dans ses orientations.

Paradoxalement, l’écodéveloppement dont découle la notion de développement durable, n’exprime pas les mêmes choix. Même si c’est un « développement à particules » (LATOUCHE S., 2004), il s’est structuré sur une critique de la société capitaliste et industrielle. C’est un outil politique pour construire une autre société. Il ne propose pas de solutions prédéfinies. Ecodéveloppement et développement durable ne sont donc pas équivalents. Par conséquent, chacun aboutit à des choix éducatifs différents. L’écodéveloppement renvoie à une éducation relative à l’environnement et le développement durable à une éducation au développement durable. Entre ces deux propositions éducatives, tous les acteurs de terrains ne se sont pas positionnés de la même manière. Mais la grande majorité des actions et des projets d’ERE se déroulant dans le cadre scolaire, c’est l’Ecole qui donne le ton. Elle a choisi la voix de la durabilité. C’est un acteur majeur qu’on ne peut pas évincer. La partie d’échecs ne se joue donc pas à deux dans un tête à tête, associations d’ERE / décideurs politiques locaux. Elle se joue à trois avec l’Ecole.