Chapitre 4 De l’éducation a l’environnement a l’éducation au développement durable : le bulldozer de la culture scolaire

Parler de culture scolaire est ambigu. Ce qui est désigné comme tel ce n’est pas la « Culture » au sens commun du terme, désignant « l’ensemble des connaissances acquises dans un ou plusieurs domaines » (Le Petit Larousse, 2003). Ce n’est pas non plus « l’ensemble des usages, coutumes, des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent et distinguent un groupe, une société » (Le Petit Larousse, 2003). La culture scolaire correspond à la culture propre au système scolaire. Ce n’est pas un sous-produit de la culture globale d’une société. C’est une forme de culture indépendante, qui n’est pas coupée complètement de la société et de l’époque dans lesquelles elle s’inscrit mais elle est régit par des règles, des logiques et des acteurs qui lui sont propres (THEMINES J.-F., 2006).

Le concept de culture scolaire est relativement récent, mis en lumière par André Chervel (1988) historien de l’éducation. Il découle d’une réflexion sur la genèse et le fonctionnement des disciplines scolaires ainsi que sur les finalités poursuivies par l’Ecole. Cette réflexion s’inscrit dans le cadre plus large de la sociologie des organisations qui à la même période voit émerger le concept de culture des organisations (PETERS T.J et R. WATTERMAN, 1983 ; DEAL T.E. et KENNEDY A.A., 1982). La notion de culture désigne alors « l’ensemble des traditions de structures et de savoir-faire qui assurent un code de comportement implicite et la cohésion à l’intérieur d’une [organisation] » (Le Petit Larousse, 2003). Parler de culture scolaire découle d’une vision structuralo-fonctionnaliste héritée Radcliffe-Brown où la culture est « une production de l’organisation, une variable dépendante interne, qui s’exprime à travers des mythes, des rituels, des cérémonies particulières. » (Cité dans GARNEAU B., 1985, p.151). l’Ecole étant une organisation à part entière, elle dispose de sa culture, la culture scolaire.

Or, l’éducative relative à l’environnement s’inscrit d’une manière générale en rupture avec le système éducatif et vise un changement éducatif profond. D’où le paradoxe d’une Ecole qui s’empare d’un objet externe et étranger, initialement conçu en réaction, voire en opposition avec les modèles sociétaux et éducatifs sur lesquels elle se structure. Cette appropriation n’a donc pu se réaliser qu’au prix de compromis. De là émerge un questionnement multiple. Il s’agit de savoir d’une part comment fonctionne cette culture et comment l’éducation à l’environnement, puis l’éducation au développement durable s’insère au sein de cette culture. Il est également nécessaire d’analyser comment cette culture oriente les pratiques enseignantes en matière d’ERE  et celles des autres parties prenantes de l’ERE.