1. Professeure relais EEDD

J’ai été recrutée pour être professeure relais au GRAINE Rhône-Alpes en septembre 2006. C’est une fonction que j’exerce encore aujourd’hui en 2009. A l’origine, mon poste n’était pas défini de manière figée ; le contexte de l’EEDD83 dans l’Académie est à l’origine de sa création. Les projets d’EEDD étaient financés de manière partenariale jusqu’en 2005 grâce à l’appel à projet « Mille Défis pour ma Planète » porté par la DIREN*. Tous les acteurs régionaux de l’EEDD participaient alors à ce dispositif. Ce dernier disparaissant, il était nécessaire de lui substituer un autre appel à projet. Le GRAINE Rhône-Alpes a initié un travail de réflexion pour tenter de trouver un nouveau dispositif partenarial. Dans la perspective de renforcer les liens avec le GRAINE Rhône-Alpes et de le soutenir dans ses projets, le Rectorat de Lyon a mis à disposition de l’association un enseignant six heures par semaine. Mon poste est bivalent. Il s’agit à la fois de faire l’interface avec l’Ecole et d’accompagner le GRAINE Rhône-Alpes dans tous les aspects de son activité qui sont en lien avec l’Education Nationale, et de participer aux actions mises en place par l’Ecole en matière d’EEDD. Concrètement, au sein du GRAINE Rhône-Alpes, j’ai participé aux commissions réfléchissant sur la formation professionnelle des acteurs, sur l’écocitoyenneté, sur les établissements éco-responsables. Je prends également part aux différentes journées de co-formation. Mon travail se centre aujourd’hui sur le dispositif Ekoacteur déjà évoqué antérieurement qui remplace l’appel à projet Mille Défis. Du côté de l’Education Nationale, je conseille les enseignants qui me sollicitent pour les aider à monter un projet. J’anime des formations et participe au groupe de formateurs EEDD de l’Académie. J’assiste également à des formations académiques et nationales.

Ce poste a fortement contribué à faire évoluer ma posture de recherche. Mon regard était au départ proche de celui d’un anthropologue sur un peuple indigène, à savoir, distancié. Mon poste au GRAINE Rhône-Alpes m’a permis d’intégrer la tribu. Le terme n’est pas anodin. Les associations fonctionnent comme nous venons de le voir sur le mode de l’inter connaissance. Je suis devenue membre active du GRAINE Rhône-Alpes et j’ai noué des liens avec des éducateurs à l’environnement ou des bénévoles du GRAINE Rhône-Alpes. D’exogène, je suis devenue endogène. Le processus a été identique au sein du Rectorat. Je suis donc partie prenante de l’EEDD tant dans le champ scolaire que dans l’ associatif, à l’interface entre ces deux mondes.

Etre professeure relais m’a permis d’appréhender le milieu de l’ERE de l’intérieur et d’en avoir une vision d’ensemble. Organiser dans mon établissement scolaire des projets d’EEDD ne m’aurait pas permis d’avoir un tel panorama. J’ai identifié les parties prenantes en jeu et compris leurs contextes, leurs contraintes, leur position… Cela m’a permis de cerner la portée des informations relevées au cours des entretiens. J’ai également pu suivre l’évolution du milieu en temps réel. Enfin, j’ai eu accès à des informations que je n’aurais pas même soupçonnées si j’étais restée extérieure.

Le recueil de ces informations n’a pas été pensé et structuré en amont. C’est certainement un des manques de la méthodologie de cette thèse. Il aurait été intéressant d’avoir recours à des approches éthno-méthodologiques, notamment de tenir un carnet de bord retranscrivant le factuel et la réaction des différentes parties prenantes aux évènements de ces trois dernières années. Le changement de posture de recherche et mon recrutement au GRAINE Rhône-Alpes, intervenant en deuxième année de thèse, il n’a pas été possible de l’introduire. Cependant, je peux affirmer que le bénéfice de ma position de professeure relais pour ce travail de recherche est inestimable. Il présente néanmoins un inconvénient qu’il est nécessaire de mentionner.

Située à l’interface entre les associations et l’Education Nationale, je suis rémunérée par cette dernière et la représente dans ma fonction de professeure relais. Or il m’arrive de défendre des positions qui sont en porte-à-faux par rapport au discours officiel. Je ne peux les formuler que lorsque je m’exprime en mon nom propre et non en qualité de fonctionnaire de l’Education Nationale. Ma qualité de chercheure trouble encore un peu plus le tableau. Il est parfois difficile pour moi, mais aussi pour mes interlocuteurs de toujours identifier qui parle, l’enseignant, la militante associative ou la chercheure. Ma posture est parfois un peu schizophrénique, obligée de faire en désavouant intimement l’action ou de désavouer ce que mes convictions soutiennent. Je ne suis pas encore parvenue à résoudre cette tension entre mes différentes fonctions.

Cette difficulté exprimée, il est nécessaire de souligner que sans la DAAC* de l’Académie de Lyon et le GRAINE Rhône-Alpes, je n’aurais pas pu mener à bien mon investigation. Deux actions de recherche ont pu être mises en place grâce au soutien de ces deux partenaires : une enquête Internet menée auprès des enseignants et le recueil et l’analyse de dossiers pédagogiques d’ERE.

Notes
83.

Le choix du terme EEDD correspond au vocable institutionnel.