2. La difficile prise en charge de la complexité

Les enseignants semblent rester dans un raisonnement cause-fait-conséquence, d’où, d’ailleurs, la fréquence des approches expérimentales et du courant scientifique dans les projets. Les projets amènent les élèves à faire des observations, à les théoriser et à construire une connaissance rationnelle du monde. Les enseignants ne s’inscrivent pas naturellement dans une pensée complexe. Parmi les approches pédagogiques développées par Lucie Sauvé et celles préconisées par l’Education Nationale, j’ai retenu trois critères pour cerner si un projet pédagogique met les enfants dans la perspective d’une pensée complexe :

• Le projet mobilise une approche systémique. La systémique permet en effet de dépasser la division cartésienne du monde en parties. Elle permet d’appréhender les réalités comme un ensemble de parties qui interagissent entre elle pour former un Tout qui les dépassent.
• Le projet mobilise plusieurs niveaux d’échelle dans l’espace et dans le temps. L’articulation de différents niveaux d’échelle permet en effet de dépasser le singularisme local et le caractère abstrait de l’échelon mondial tout en mettant en évidence leurs interactions et leurs interrelations.
• Le projet se structure sur une pensée critique. Adopter une démarche critique permet d’appréhender les savoirs non comme des vérités établies mais comme un processus de construction cognitif. On ne peut pas penser la complexité sans percevoir le caractère construit de la connaissance.

Peu d’enseignants mobilisent une seule de ces approches que ce soit dans l’enquête Internet ou dans l’analyse des dossiers du Rectorat.