c) Des projets hic et nunc 

La mobilisation d’une approche multi-scalaire (variation d’échelle dans le temps et l’espace) n’apparaît pas plus fréquemment dans l’enquête Internet (5 questionnaires sur 50). Elle est en revanche très présente dans l’analyse des dossiers. Elle est identifiable dans la moitié des projets pédagogiques (25/52) dont 7 parmi les 12 projets transversaux. Ce résultat est à considérer avec prudence parce que la variation d’échelle est un des critères de recevabilité des dossiers au Rectorat. Il est possible aussi que la formulation de cette approche dans l’enquête Internet ait biaisé les réponses, les enseignants ne voyant pas de quoi il s’agissait. Des trois approches et démarches relevant de la pensée complexe, l’approche multi-scalaire est celle dont les enseignants semblent être le plus familiers.

Dans l’ensemble, les projets pédagogiques faits par les enseignants s’inscrivent difficilement dans une pensée complexe. L’approche systémique et la démarche critique sont peu souvent mobilisées. La majorité des projets conservent un ancrage disciplinaire fort, ce qui correspond aux demandes institutionnelles actuelles. Peu de projets ont un profil transversal. Le type de raisonnement qui en résulte, est rationnel, analytique, linéaire. Ce n’est pas une approche de la complexité. L’une des participantes de la conférence débat explique ce constat par un manque de formation des enseignants sur la question

Pour revenir à la première impression, enfin, sur le problème donc, du retour, je suis pas très surprise non plus par (…) les enseignants du premier degré que je rencontre corroborent bien ces résultats là, quoi. On manque de savoir-faire sur l’approche de la complexité. Je pense que ça, enfin… pourtant, c’est dans l’enseignement primaire que ça devrait être plus facile puisque on n’a pas le cloisonnement disciplinaire. Mais en même temps, je pense que là, c’est vraiment la méthode, un manque de méthode des enseignants qui ne savent pas comment aborder le sujet. (…). Conférence débat – atelier 1 – intervention n°35

La complexité désarçonne peut-être les enseignants. Peu osent porter des projets innovants et sortir réellement du moule de la culture et de la forme scolaire. Il y a une certaine homogénéité des pratiques qui apparaît très bien quand on analyse les courants pédagogiques dans lesquels ils s’inscrivent.