3. Le partenaire

Autour des enseignants sont mobilisés d’autres types d’acteurs. Ils travaillent ensemble, ce que nous avons déjà souligné par ailleurs. Ils ne travaillent pas toujours qu’entre eux. Des liens se tissent dans certains projets avec les autres adultes de l’école. Quatre d’entre eux associent des membres de l’équipe éducative (personnels de service, atsep), des parents et des élèves au sein d’un comité de suivi du projet. Ces projets s’inscrivent dans une démarche d’éco-école. La mise en place d’un comité de suivi est une condition nécessaire pour l’obtention du label. Il est néanmoins intéressant de constater que ces nouvelles collaborations apparaissent dans les dossiers pédagogiques même si elles sont limitées à un dispositif spécifique.

Les enseignants ont également recours à des partenaires extérieurs. Le partenariat est une pratique très répandue. Il est mentionné par les 2/3 des enseignants ayant répondu à l’enquête Internet et ayant réalisé un projet au cours de l’année de référence. De la même manière, tous les dossiers pédagogiques déposés au Rectorat (à l’exception d’un seul) mentionnent le recours à au moins un partenaire. Ce constat n’est pas étonnant. D’une part le partenariat est un des critères de validation du dossier et d’autre part, sans partenaire, les enseignants n’ont pas besoin de déposer de dossiers. Ils peuvent mener leur projet en classe sans l’aval de l’Inspection Académique ou du Rectorat.

Les projets se structurent autour d’un nombre important de partenaires. Plus de la majorité des dossiers (31/51) ont au moins 4 partenaires. Cinq dossiers seulement ont un partenaire unique.

Figure 51 : Les partenaires des projets
Figure 51 : Les partenaires des projets

Le nombre de partenaires mentionnés dans l’enquête par projet est plus restreint. 55% des projets décrits dans l’enquête n’ont qu’un seul partenaire. Cette différence n’est pas étonnante dans la mesure où les dossiers déposés au Rectorat recherchent des financements pour financer des partenaires.

Les partenaires sont d’abord des associations engagées dans l’éducation relative à l’environnement. Elles sont mentionnées dans la moitié des projets décrits dans l’enquête Internet et dans tous les dossiers pédagogiques déposés au Rectorat à 2 exceptions prêts. Les collectivités sont également identifiées comme des partenaires mais pas de manière systématique. Elles sont mentionnées dans un projet sur quatre de l’enquête Internet. Or ce sont généralement les collectivités qui payent au moins en partie les associations d’EEDD. Cela confirme la difficulté d’identification des collectivités locales en tant que partenaire.

Les partenaires privés sont mentionnés dans 18 dossiers sur les 51 déposés soit le 1/3 mais ils sont quasi absents de l’enquête Internet (3 mentions). Sur les 18 dossiers, 13 ont au moins 4 partenaires. On peut émettre l’hypothèse que les partenaires privés sont sollicités quand les projets ont un budget conséquent ce qui nécessite la diversification de source de financement.

Au-delà des entreprises et des collectivités, les partenaires cités sont variés : le musée est cité 5 fois, la bibliothèque 2 fois, l’Office du tourisme 2 fois, d’autres associations (que celles d’EEDD) apparaissent également.

Le terme de partenariat recouvre une palette de situations si large que la présence de partenaires au sein d’un projet nécessite d’aller identifier le rôle et la place de chacun. Néanmoins, peu de projets définissent vraiment le rôle des partenaires. Les dossiers se contentent de mentionner le nombre de demi-journées d’animations réalisées par le partenaire. Trois dossiers détaillent plus précisément la fonction du partenaire.

Dossier n° 9 « Dans les deux projets, la présence de D, [animateur dans une association d’EEDD], est la plus utile, en effet, il est déjà intervenu dans l’école et dans les classes […]. De plus, ses connaissances et sa pratique de la chose nous seront d’une grande utilité. »
Dossier n° 13 « Rôle de l’intervenant : Apporter des connaissances techniques et scientifiques et les outils nécessaires.
- Apporter l’aide nécessaire à la retranscription et à la création.
- Conduire les sciences spécifiques : environnementale, sportive, historique ou économique.
- Vérifier les conclusions des élèves.
- Fournir une mosaïque de milieux diversifiés permettant d’explorer et de découvrir de façon sécurisée et aménagée l’environnement local.
- Garantir un suivi des actions menées et, par ce fait, ne pas réaliser des actions éphémères.
- Assurer le lien entre les différentes mises en œuvre pour veiller à ne pas créer de surcharge d’informations dans le paysage.
- Assurer le lien entre les différents acteurs. »
Dossier n° 14 « Les adultes intervenants extérieur, apporteront les réponses techniques posées par les enfants lors de leurs observations et les guideront dans leur recherche en proposant des ateliers de manipulations, des jeux de découverte… »

Le partenaire pédagogique (association d’EEDD ou d’éducation populaire) semble avoir trois missions :

La répartition des rôles entre l’élève, l’enseignant et le partenaire au sein des projets à analyser, déroge peu de ceux assignés traditionnellement dans la culture scolaire. L’élève étudie, l’enseignant professe et le partenaire soutient. Les pratiques en EEDD en milieu scolaire s’inscrivent pleinement dans la culture et la forme scolaire avant même la circulaire de 2007 mettant en place EDD. S’il existe une rupture profonde dans les textes officiels entre éducation à l’environnement (1977), éducation à l’environnement vers un développement durable (2004) et éducation au développement durable (2007), dans les pratiques, il semble que la majorité des enseignants ne respectaient pas en 2005 complètement l’esprit des deux premières circulaires. Leurs pratiques étaient déjà orientées sur les programmes scolaires et donc empruntes de la forme et de la culture scolaire.

Souvent les circulaires expriment un état de fait. Elles prescrivent des pratiques qui existent déjà dans le système scolaire et qu’il s’agit d’étendre ou d’officialiser. Dans cette perspective, on peut supposer que la circulaire de 1977 légitime des projets menés en marge du système. Ils sont alors l’apanage de quelques enseignants motivés et engagés. La circulaire de 2004 prend acte de la diffusion des pratiques d’ERE au sein de l’Ecole et leur ancrage disciplinaire prégnant. Un nombre significatif d’enseignants mettent en place des projets. La circulaire de 2007, en changeant le nom et la définition des pratiques (de l’EEDD à l’EDD) permet d’acter la généralisation des pratiques. Un grand nombre d’enseignants font de l’EDD puisqu’il s’agit d’enseigner des savoirs ; Or ces savoirs figurent dans les programmes disciplinaires que les enseignants sont tenus de respecter. La France peut ainsi afficher la généralisation des pratiques d’EDD au sein de son système scolaire. Elle montre ainsi qu’elle remplit ses engagements internationaux, sans changer ses pratiques éducatives. Cela lui permet de ne réaliser qu’un investissement temporel et financier limité.

C’est un moyen de limiter le recours aux partenaires. L’éducation à l’environnement étant une pratique partenariale, la prédominance de la culture scolaire en milieu scolaire interroge sur la réception de cette culture par les partenaires éducatifs de l’Ecole. Les structures d’ERE ont par définition une culture qui leur est propre.

Notes
92.

Plusieurs réponses étaient acceptées à cette question. C’est ce qui explique que le total dépasse le nombre d’enseignants ayant réalisé un projet dans l’enquête Internet (50).