A. Le développement durable, un impensé de la modernité

Le développement durable est une forme non moderne de connaissance. Il ne s’agit pas là de porter un jugement de valeur. Le développement durable s’inscrit dans un espace intermédiaire de la connaissance que la science moderne n’a pas pour habitude de prendre en charge. C’est un hybride (LATOUR B., 1991). En effet, le développement durable ne peut ni s’associer entièrement à la Nature, ni à la culture. Le développement durable se situe à l’intersection entre l’économique, le social et l’environnemental, c’est-à-dire entre le milieu biophysique d’un côté et l’homme et la société de l’autre. C’est ce qu’illustre la figure 4 déjà observée précédemment. Or la science repose sur une distinction entre le sujet et l’objet (MORIN E., 1990) ou entre la Nature et la Culture (LATOUR B., 1991). Quel que soit le vocable employé, les deux auteurs expriment la même thèse, celle de la création au XVIIème siècle, d’une science moderne reposant sur la distinction entre le milieu biophysique et l’homme.