b) Quand l’urbanisme confronte la géographie au développement durable

La géographie a pris en charge le développement durable à partir d’une entrée urbanistique et de l’aménagement du territoire. C’est la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement des territoires (LOADDT, 1995) et la loi de solidarité et de renouvellement urbain (SRU, 2000) qui marquent « l’entrée officielle du développement durable en politique, y compris dans les outils opérationnels de la planification spatiale » (BEAUCIRE F., cité dans THEYS J., 2004, p.45). La première définit l’équilibre du territoire en fonction de trois critères : le progrès social, l’efficacité économique et le respect de l’environnement. Ce sont les trois piliers du développement durable. La loi SRU mobilise la notion pour mettre en place une planification spatiale. Le développement durable est également présent dans le schéma de cohérence territoriale (SCOT) et dans les plans locaux d’urbanisme (PLU). Dans l’ensemble des documents d’urbanisme précédemment cités, la notion de développement durable a deux constantes. Elle s’exprime dans les objectifs affichés : la cohésion sociale, la solidarité territoriale et la multi-modalité. Elle se traduit par la mise en place d'un processus institutionnel auquel la société civile participe : c’est la démocratie participative. Ce processus s’inscrit dans la perspective d’un projet à long terme et en vue de respecter la cohérence entre les différentes échelles du territoire.

L’introduction du développement durable dans les domaines de l’aménagement et de l’urbanisme correspond au besoin de rétablir le lien entre l’environnement et l’aménagement, délaissé depuis les années 1970. En effet, le choc pétrolier de 1973 et la crise économique qui en a résulté, ont orienté l’aménagement du territoire vers des logiques plus sectorielles que territoriales. Ainsi dans les années 1990, l’environnement n’était réduit à n’être qu’un espace de loisirs, une contrainte pour l’aménagement du territoire ou un atout pour les espaces ruraux en difficulté.

La mobilisation du concept de développement durable découle aussi des problèmes générés par une gestion segmentée du territoire. L’absence de niveau supra communal pertinent limitait la gestion du territoire à l’échelle communale créant ainsi des effets de limites et des discontinuités. La gestion des centres-villes a par exemple reporté leurs problèmes sur la banlieue sans que le report soit pris en considération. La création des pays et des agglomérations correspond donc à une volonté de créer des unités de gestion territoriale cohérente et pertinente. Elle traduit une « « reterritorialisation » à bonne échelle de l’action publique » (THEYS J., 2004, p. 43).

La géographie n’est pas externe aux recherches menées aujourd’hui en matière de développement durable. Elle a pris en charge une application pratique de la notion via l’urbanisme. Mais la discipline peine à construire une réflexion épistémologique.