b) Un pari sur l’inconnu

Cibler presque exclusivement les enfants, c’est borner l’ERE à la jeunesse. A l’issue de cette période de la vie, chacun est censé avoir construit une posture écocitoyenne, reposant sur des savoirs, des savoir-faire, des attitudes, des comportements. A l’âge adulte, cette posture est supposée pérenne. Nous parions ainsi sur la capacité des enfants à construire une posture écocitoyenne cohérente et sur la stabilité de cette posture dans le temps. L’ERE n’est alors plus un cheminement, un processus global mais une étape où tout se joue. Cette orientation est assez logique au regard du poids de l’Ecole dans le champ de l’ERE. Cependant, borner l’ERE à l’enfance est un pari risqué que l’on ne sait pas évaluer.

L’évaluation de l’ERE est devenue une question socialement vive parce qu’elle soulève celle de l’utilité sociétale de l’ERE et celle du retour sur l’investissement pour les parties prenantes qui financent des actions. Les institutions et les collectivités territoriales investissent des sommes importantes, quels bénéfices en retirent-elles ? Est-ce que le tri est mieux réalisé ? Est-ce que la production de déchets est moindre ? Est-ce que les habitants utilisent moins leur voiture ? etc… Dans cette perspective, certaines collectivités essayent d’évaluer leurs actions avec des indicateurs chiffrés. C’est le cas du Grand Lyon notamment. C’est caractéristique du développement durable et de ses présupposés. Dans une société capitaliste et industrielle, les investissements doivent engendrer des bénéfices, sinon ils ne sont pas rentables. Evaluer les impacts de l’ERE à l’échelle d’un projet, c’est envisageable ; à l’échelle d’un territoire c’est beaucoup plus compliqué, voire illusoire. Toutes les actions se centrent ainsi sur les enfants sans vraiment savoir si c’est bénéfique. Il me semble qu’une ERE diffusée tout au long de la vie, serait plus pertinente que des actions massives ciblées dans l’enfance. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas éduquer les enfants à l’environnement, mais faire reposer l’ensemble des changements sur les enfants est risqué et hasardeux. Il est nécessaire d’élargir l’éducation relative à l’environnement à d’autres publics et d’autres âges.