Conclusion

L’éducation relative à l’environnement repose aujourd’hui sur deux orientations éthiques. La première est la responsabilité individuelle. Dans la perspective du développement durable, les actions d’éducation se structurent sur un principe de responsabilité individuelle. Chaque personne doit adopter un comportement et une attitude propice à l’environnement qui se caractérisent par l’adoption de gestes écocitoyens. Ce principe ne permet pas prendre en charge l’ensemble des questions relatives à l’environnement parce qu’il handicape la constitution du collectif. Il participe de la logique selon laquelle la somme de gestes individuels résoudra des problèmes globaux. En réalité, l’environnement pose la question de nos choix de sociétés et appelle une réflexion qui dépasse la capacité d’action de l’individu.

En plaçant les enfants au cœur du processus de responsabilisation envers l’environnement, la responsabilité de l’action repose sur eux. Il est difficile de sortir de ces deux grandes orientations qu’imposent aujourd’hui l’EDD parce qu’elles s’inscrivent dans le cadre des politiques de développement durable mises en œuvre. Les choix préalables à l’action éducative découlent des fondements du développement durable ainsi conçu.

Le « développement durable » constitue ainsi au total un cadre politique peu ouvert. Pourtant la notion appelait un nouveau genre de démocratie où le politique et le scientifique co-construisent la connaissance. Elle parait ainsi s’affranchir de la division moderne des savoirs (LATOUR B., 1999) qui se structure autour de deux pôles antagoniques : le milieu biophysique d’un part et l’homme et la société d’autre part. Son adhésion aux principes de la pensée complexe vient renforcer les apparences tandis que la démocratie participative semble incarner cet idéal démocratique et scientifique.

En réalité, « le développement durable » est un cadre qui repose sur des choix réalisés en amont du débat. Il défend une société qui repose sur l’individualisme, la croyance dans le progrès et la compétition. Le débat ne peut alors occuper qu’une place marginale dans la construction des savoirs et dans la gestion de la cité. Il se focalise sur des questions techniques ou scientifiques où seul l’expert ou savant est compétent. La participation n’est alors plus qu’un outil de communication destiné à recueillir des informations (participation- concertation) ou à diffuser des informations (participation-consensus) auprès des populations. Ce que le développement durable prétend initialement dépasser (la division moderne du savoir), il ne fait finalement que le renforcer.

Le développement durable a donc non seulement un statut politique incertain mais également un statut scientifique non stabilisé. Ce n’est pas un concept mais une notion sujet à controverse dont on ne connait pas l’issue. Ces incertitudes invitent à décentrer l’éducation du développement durable pour le replacer dans le cadre de l’ERE plus large, plus ouvert et plus démocratique.