1/ Les congrès mêlés aux expositions : un couple idéal ?

‘« Une Exposition était annexée au Congrès, dans les locaux d’une école voisine. Son programme avait été remarquablement conçu, car ses organisateurs avaient pensé à illustrer en quelque sorte, grâce à elle, les rapports sur les diverses questions à l’ordre du jour du Congrès. Il n’est pas douteux qu’il y avait là une idée des plus heureuses, et qui aurait donné lieu à une remarquable exhibition des progrès de l’industrie sanitaire, si la durée de l’Exposition n’avait pas été aussi limitée. » 526

A la veille de la Première Guerre mondiale, la tradition qui veut que les congrès tendent à se dérouler dans les villes hébergeant de grandes expositions (à Paris, en 1878, une partie du nouveau palais du Trocadéro fut réservée aux congrès internationaux) est plus que jamais vivace. Leur calendrier recoupe généralement celui des expositions : il se concentre sur la belle saison, de juin à octobre/novembre (l’exception remarquable est ici celle des Congrès des maires de France, qui se déroulent habituellement en décembre). Ainsi, à partir de mai 1914, de nombreux événements se tinrent à Lyon « à l’occasion de l’exposition internationale urbaine »527 : le 18e Congrès national de la propriété bâtie, le 42e Congrès annuel des architectes français, le Congrès national des caisses mutualistes de retraites ouvrières, le Congrès international des pompiers, le Congrès des Habitations à Bon Marché (13-14 juin) immédiatement suivi par le Congrès de l’Alliance d’hygiène sociale (15-17 juin). Un certain nombre d'autres congrès, prévus à Lyon après le 1er août 1914, furent annulés, comme le Congrès des Maires du 18 septembre.

Cette volonté de coupler congrès et expositions ne se dément pas dans l’entre-deux-guerres. En Angleterre, à l'occasion du premier Congrès international du nettoiement public (1931), les ingénieurs peuvent examiner les véhicules utilitaires exposés par les constructeurs, principalement allemands et britanniques528. La Société française des urbanistes prend l’initiative d’organiser un congrès, qu'elle intitule « Où en est l’urbanisme en France et à l’Étranger ? », à Strasbourg en 1923, car la ville alsacienne organise une Exposition « du Centenaire de Pasteur »529. De manière générale, les associations aiment donc tenir des congrès dans des villes sur lesquelles les projecteurs sont braqués, tant pour se faire connaître que pour profiter d'occasions d'enrichissement des connaissances. L’Union Internationale des Villes ne déroge pas à cette tradition : elle organise ses grandes conférences internationales à Paris en 1925 (Exposition internationale des Arts Décoratifs), à Séville et à Barcelone en 1929 (Exposition hispano-américaine et Exposition universelle), à Berlin en 1936530 puis encore à Paris en 1937 (Exposition internationale des Arts et Techniques). Elle prévoit ensuite une « conférence technique » sur l’épuration des eaux d’égout en 1938 à Glasgow, où se tient une Exposition de l’Empire britannique, puis une conférence sur les ports intérieurs à Liège en 1939, à l’occasion de l’Exposition technique de l’eau organisée par les autorités belges pour célébrer l’achèvement du canal Albert, qui relie Liège à Anvers. Les hygiénistes et techniciens municipaux, qui font de même dans la cité wallonne en août 1939531, pratiquent cette méthode depuis leurs débuts : après un Congrès à Bruxelles (Exposition universelle) en 1910, leur rassemblement se tient l'année suivante hors des territoires francophones, à Dresde, pendant l’Exposition internationale d’hygiène ; en 1912, ils font un saut à l'Exposition de Londres après avoir commencé leurs travaux à Lille. Jusqu'en 1926, à part un Congrès tenu à Paris pendant la guerre, l'AGHTM privilégie la province et les villes étrangères pour associer rassemblement annuel de ses membres et visites de terrain (annexe, section 1, carte 10).

Notes
526.

RHPS, septembre 1903, p. 907.

527.

AD Rhône, 4M 503, coupure de presse (s. d.) avec la liste de toutes les manifestations prévues en marge de l’Exposition.

528.

George Soper, « The first international conference on Public Cleansing », Municipal Sanitation, décembre 1931, p. 582-585.

529.

Sur cette exposition prévue dès 1921, AM Lyon, 1140 WP 26, dossier « Exposition d’hygiène de Strasbourg, mai-octobre 1923 » et Archives de l'Institut Pasteur, cartons DR CR 1, 2 et 3.

530.

Année des Jeux Olympiques. Henri Sellier avait appuyé sans succès la proposition de l’organisateur allemand du congrès international des villes de Berlin de l’avancer de 1936 à l’automne 1935 : « nous aurons, à peu près à la même date un Congrès international de l’habitation. Or, les participants sont en grand nombre les mêmes que ceux du Congrès international des villes ; il serait intéressant d’envisager la possibilité de faire coïncider les dates de ces deux congrès. Un autre argument en faveur de la date de 1935, c’est que la ville de Paris demandera à l’Union d’y venir en 1937 à l’occasion de la grande exposition internationale et il serait difficile d’avoir un grand congrès deux années de suite. Je me rallie donc à la proposition de siéger en 1935 à la condition qu’on puisse se mettre d’accord avec l’Association internationale des habitations » (AM Lyon, 985 WP 24, compte rendu de la réunion du Bureau permanent de l’Union internationale des Villes, Lyon, jeudi 19 juillet 1934).

531.

L’administration locale, fascicule n°20 (janvier-avril 1938), documents 207 « Ports intérieurs, 2e Conférence des Ports intérieurs, Liège, 1939 » et 214 « Unions de villes. Activités : l’Union Internationale des Villes et Pouvoirs Locaux ». Fascicule n°22 (juillet 1938), document 222 « Conférence de l’Union Internationale des Villes. Glasgow – septembre 1938. Traitement des eaux d’égout et des eaux résiduaires industrielles et prévention de la pollution des cours d’eau ». Voir aussi TSM, août 1939.