Des moyens de propagande

Certains travaux ont présenté les congrès comme un moyen d’institutionnaliser une discipline567 . Ces manifestations sont, en tout cas, autant d’occasions qui rendent visible et font exister une association. C’est dans cet esprit que le secrétaire général de la Société de Médecine publique, le Dr Mosny, décide de créer une « Réunion sanitaire provinciale »568, dont le premier résultat visible est l’accroissement du nombre d’adhérents. Chaque année, en novembre-décembre, une vague d’adhésions est enregistrée par la société : ce sont des directeurs de bureaux municipaux d’hygiène, souvent récemment créés en application de la loi de 1902 – la première réunion sanitaire se veut d’ailleurs une étude de son application –, qui s’inscrivent au congrès569. C’est d’ailleurs à partir de ce moment que la SMP cherche à nouveau à mesurer ses effectifs en publiant dans la Revue d’hygiène la liste de ses membres570. En 1913, son secrétaire général, Max Le Couppey de la Forest, fait parler les chiffres pour couper court aux critiques adressées par certains membres du conseil d'administration à l'encontre de cette manifestation. Le 1er janvier 1909, le nombre d'adhérents était tombé à 296 membres. Un an plus tard, après la première réunion sanitaire provinciale, le nombre des membres effectifs (individus et collectivités) s'élevait à 348 pour atteindre 429 au 29 janvier 1913. Le Couppey estime donc que les réunions sanitaires provinciales ont permis de recruter plus du tiers des membres de la société571.

Notes
567.

« Les congrès, lieux de l’échange intellectuel (1850-1914) », Mil neuf cent, n°7 (1989).

568.

La première édition a lieu au début du mois de novembre 1909, sous la présidence de Léon Mirman, directeur de l’hygiène et de l’assistance publiques au Ministère de l’Intérieur. Des manifestations similaires sont organisées ensuite régulièrement jusqu’en 1913.

569.

En 1910, lors de son allocution d’ouverture, le Dr Roux, directeur de l’Institut Pasteur, dit que l’« avantage de ces réunions sanitaires provinciales c’est de permettre aux directeurs des bureaux d’hygiène de se tenir au courant de tous les progrès de la science », RHPS, novembre 1910, p. 1148.

570.

RHPS, 1909, p. 955-972 ; 1910, p. 978-995 ; 1911, p. 809-828 ; 1912, p. 726-748 ; 1913, p. 229-252 ; 1914, p. 111-136 ; 1919, p. 289-311 ; 1920, p. 939-959. La publication de la liste des membres avait cessé en 1895.

571.

RHPS, février 1913, p. 214-216. Voir le graphique en annexe, section 3.