3/ Inciter à l’application des textes législatifs : l’entreprise comme auxiliaire des municipalités

Les sociétés de génie sanitaire emploient donc diverses stratégies pour pénétrer le marché de la commande publique locale. Les noms qu’elles se donnent reflètent leur désir de jouer le rôle de partenaires indispensables d’une œuvre d’intérêt général : Compagnie Auxiliaire des Municipalités pour l’Industrie et l’Assainissement (CAMIA), Union des Services Publics (USP), Compagnie nationale de travaux d’utilité et d’assainissement… Souvenons-nous que les entreprises dissidentes de l’AGIAHM, en 1908, avaient intitulé leur groupement « Union des services municipaux et des travaux publics » (supra, chapitre II). Elles cherchent donc à se poser comme détentrices d’une compétence technique au service du public, offrant aux maires les moyens d’appliquer plus facilement la loi sur la protection de la santé publique (1902) ou les prescriptions du Conseil supérieur d’hygiène publique (épuration des eaux usées). Ces textes fonctionnent à la fois comme un appel à l’action du côté municipal et comme une promesse de débouchés nouveaux pour les inventeurs et hommes d’affaires782. L’hygiéniste Edmond Bonjean écrit d’ailleurs, à la fin de la première décennie du siècle qu’« une loi active le zèle et l’imagination des travailleurs. La loi sur la santé publique a fait surgir près de 200 procédés et appareils de désinfection »783.

Un autre moyen utilisé à partir de l’entre-deux-guerres peut être illustré par deux associations créées à cette époque et qui furent dans une posture ambiguë, entre lobbies, cartels industriels et groupes de propagande.

Notes
782.

Dès le début 1903, la correspondance de Bernard Bezault porte la mention « exécution de travaux en vertu de la loi du 15 février 1902 sur la protection de la santé publique » (AM Belfort, 3O 142, lettre de Bezault à l’architecte-voyer de la ville, 20 janvier 1903).

783.

Fishing-Club de France. Conservation et Protection des Eaux superficielles et Souterraines. Projet de loi. Enquête en vue de son application. Enquête du Fishing-Club de France sur les Eaux résiduaires des Papeteries, par M. Ed. Bonjean, chef du laboratoire et membre du Conseil supérieur d’hygiène publique de France, membre du Comité d’hygiène du FCF, Paris, Bibliothèque du Fishing-Club de France, 1910, p. 7.