B/ L’expérience du voyage d’études

‘« Alors que l’étranger, toujours à l’affût de ce qui se passait dans notre pays, se renseignait en lisant nos revues industrielles, nos journaux spéciaux, sur les progrès qui s’opéraient, et n’hésitait pas à venir étudier par lui-même, en voyageant, nos divers genres d’industries, nous, nous restions tranquillement chez nous, nous ne pensions pas à rendre à l’étranger la visite qu’il nous avait faite, nous ne lisions pas ses revues, nous dédaignions même nos propres journaux, qui auraient pu suppléer au voyage, et nous instruire à bon marché, et c’est ainsi que nous sommes demeurés dans l’ignorance la plus coupable des transformations économiques étrangères.
Nous ne voyageons pas ! Combien de fois nous l’a-t-on répété ! […] Voyager pour s’instruire ? Mais c’est travailler, et le Français ne veut pas travailler en voyage. »¹⁰²³ ’

La visite sur le terrain n'est pas aussi rare que ce discours semble vouloir le faire croire. Elle a laissé des traces. A côté de la lecture des périodiques et courriers édilitaires, c'est également une source d’inspiration importante – et peu déplaisante... – pour les édiles et leurs techniciens. Le voyage s’impose comme le prolongement logique du travail de documentation. Les déplacements font d'ailleurs partie de l'emploi du temps des députés-maires, de plus en plus nombreux, qui ont l’occasion de découvrir les transformations du Paris de la Belle Époque. A côté des réalisations qui font de la capitale française une cité unique (Tour Eiffel, Métropolitain…), le pavage des rues, les candélabres d’éclairage, ou encore les véhicules d'arrosage et de nettoiement des voies publiques sont des éléments importants du cadre urbain parisien, que les édiles provinciaux admirent et songent à implanter dans leurs villes¹⁰²⁴.