Après avoir retracé les étapes par lesquelles passent tous les projets édilitaires rencontrés dans les villes étudiées, il faut essayer de bâtir un récit d'ensemble des politiques municipales d'hygiène urbaine. Évidemment, l'historien doit affronter la question de la temporalité : les échanges d'information entre villes s'inscrivent dans des contextes différents, selon qu'ils prennent place au moment de l'entrée en application d'un texte législatif majeur, dans une phase de difficultés économiques générales, ou dans une séquence d'incertitudes scientifiques et techniques. A l'échelle nationale, un des problèmes posés sera d'identifier les moments où les projets (voire les réalisations) sont les plus nombreux et de déterminer s'il y a des périodes d'impulsion, de latence, d'émulation ou d'accélération. Pour cela, nous relierons les projets à leur contexte, non seulement politique et économique en général, mais également plus spécifique à l'hygiène urbaine et administrative. Ainsi, la loi de 1902 a-t-elle engendré des velléités hygiénistes de la part des administrations municipales ? D'autres sollicitations extérieures à la société locale ont-elles pu jouer un rôle important ? Quel a été l'impact des grands événements extra-urbains, comme les deux guerres mondiales, la crise financière ou le chômage massif du début des années 1930 ? En l'absence de toute synthèse d'histoire environnementale de la ville en France, nous tenterons également de tester les hypothèses interprétatives formulées à propos d'autres pays1580.
Allocution du docteur Louis Martin, RHPS, février 1909, p. 172.
En utilisant notamment Martin Melosi, The Sanitary City, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2000 ; John Sheail, An Environmental History of Twentieth-Century Britain, Basingstoke, Palgrave, 2002.