B/ L’évolution des transferts : de l’apprentissage à la nationalisation du génie sanitaire français

‘« Des différentes parties du monde, un enseignement nouveau nous est apporté, dont les villes jeunes, dont les villes en formation, comme les vieilles cités, peuvent tirer profit. » 2079

L'hygiène est, à la Belle Époque, un champ scientifique et technique international : sa dimension globale est triple et les trois aspects sont intrinsèquement liés. Premièrement, les mêmes problèmes se posent dans des pays différents (logements insalubres, épidémies, mortalité infantile), avec des risques de contagion d'un pays à l'autre, d'autant plus que la mondialisation des transports par bateaux et chemins de fer s'accroît rapidement : cela nécessite la mise en place d'une coopération internationale (Conférences sanitaires internationales, Office international d'hygiène publique, Organisation d'hygiène de la Société des Nations : voir annexes, section 6). D'autre part, les acteurs de la production du savoir et du savoir-faire hygiéniste participent à un milieu transnational d'experts : assistance aux différents congrès d'hygiène, stages dans des laboratoires étrangers, lecture des articles scientifiques parus dans des revues en langue allemande, anglaise, ou française. Troisièmement, l'« internationalité » de l'hygiène implique une émulation scientifique et technique, des comparaisons incessantes, non seulement pour savoir qui a la primeur du progrès de la connaissance ou de l'invention, mais également qui applique les mesures et politiques les plus efficaces, révélant un plus haut degré de civilisation. En 1892, le Professeur Brouardel, président du Comité consultatif d’hygiène de France, écrivait au Ministre : « votre administration a, dans divers mémoires insérés dans ce Recueil, montré qu’elle se tenait au courant de tous les progrès accomplis par les hygiénistes étrangers. »2080

Comment les experts du génie sanitaire français se comportent-ils à l'égard du savoir et de leurs collègues étrangers ? Le cas des équipements et procédés de purification de l'eau et d'évacuation des déchets urbains montre une évolution chronologique relativement claire. Il serait cependant abusif de la généraliser, tant elle semble particulière au champ étudié et a pu être très différente pour d'autres domaines de l'hygiène publique.

Notes
2079.

J.-C.-N. Forestier, Grandes villes et systèmes de parcs, Paris, Hachette, 1908, p. 49.

2080.

CCHP 1892, p. IV.