La Belgique semble être un pays carrefour, où se croisent diverses influences, et en même temps un creuset de solutions dans la gestion des agglomérations urbaines. Les acteurs de la modernisation urbaine y sont très attentifs aux expériences françaises, relatées dans La Technologie Sanitaire. La Société royale de Géologie reçoit des hydrologues et bactériologistes français et Ad. Kemna, directeur de la distribution d'eau d'Anvers, y discute les expériences parisiennes2160. Belgique et Pays-Bas font partie des destinations de voyages d'étude (9% des visites recensées avant 1914). Comme l'Allemagne avec Wiesbaden, le royaume belge a ses stations touristiques innovantes en matière de traitement de l'eau potable ou de l'eau usée, telles Ostende et Middelkerke, citées en exemple aux municipalités françaises par les entrepreneurs intéressés par de nouveaux marchés. Plus au nord, on invente2161 et on innove également. Amsterdam attire probablement des dizaines d'édiles sur plusieurs décennies, venus à cause de son fameux système « Liernur » d'évacuation et de traitement des matières fécales2162. Rotterdam n'est pas absente du paysage édilitaire dessiné par les voyages d'études, les échanges de renseignement et les envois de brochures par les firmes commerciales : une commission du Mans s'y rend pour étudier la filtration des eaux. Une usine d'incinération est décidée par les autorités municipales du port hollandais dès 1904 après une mission d'étude en Angleterre : le rapport du directeur de la voirie, M. Van den Perk, concluant à l'adoption de l'incinération par le système britannique Horsfall (la société est basée à Leeds) est traduit en français et envoyé aux villes démarchées par la Compagnie nationale de travaux d'utilité publique et d'assainissement, concessionnaire des brevets Horsfall pour la France et ses colonies2163. Bruxelles, après bien des hésitations, se dote d'une usine d'incinération des ordures au début du XXe siècle et accueille plusieurs congrès des techniciens municipaux. Les communes de sa banlieue ne sont pas en reste (Ixelles, Saint-Gilles), adoptant des usines d'incinération avant 1914 et faisant souvent l'objet des entrefilets de la Revue municipale pour leur politique édilitaire2164.
Ad. Kemna, « La situation actuelle de la question des eaux à Paris, séance de la Société belge de géologie, 21 mai 1901 », La Technologie Sanitaire, 1er juin 1901, p. 506-519.
C'est un hollandais, Tindal, qui met au point le premier la stérilisation de l'eau par l'ozone, au début des années 1890, avec l'aide de la firme allemande Siemens et Halske.
Exemple havrais : Le Génie sanitaire, décembre 1894, p. 179. Exemple nîmois : AM Nîmes, 1O 447.
AM Lyon, 923 WP 271, lettre de Nave au maire de Lyon, 1er août 1907.
Une sélection : RM, 11 avril 1903, p. 228, 22 août 1903, p. 532, 1-15 septembre 1907 (Ixelles). RM, 24 janvier 1903, p. 51, 16-31 octobre 1906, p. 315 (Saint-Gilles).