2/ La solution « de l'avenir » : l'incinération

‘« J’ai visité l’usine d’incinération des déchets urbains d’Issy-les-Moulineaux. C’était Dante et Piranèse en même temps ! »2322

Les décharges présentent un autre inconvénient : des incendies spontanés peuvent s'y déclarer, car la température des ordures en fermentation peut atteindre 70 degrés. Quant aux incendies volontaires déclenchés pour réduire le volume des ordures, ils dégagent des odeurs nauséabondes qui alimentent les protestations des riverains. Dès lors que la ville s'étend dans l'espace et rattrape ses zones de dépotoirs, l'incinération devient une alternative séduisante : mettre les ordures dans des fours, dans une usine qui nécessite peu d'espace, qui ne pollue pas et peut être placée près des faubourgs (ce qui réduit la longueur des trajets des véhicules de collecte, par rapport aux décharges), peut paraître économique. La Grande-Bretagne, en avance par son taux d'urbanisation, est la première à utiliser l'incinération, dans les années 1870. La France, nation rurale et agricole, y reste réticente jusqu'au début du XXe siècle, alors que les Anglo-Saxons ont déjà développé à cette date des techniques pour tenter de récupérer l'énergie produite (vapeur ou électricité). Durant l'entre-deux-guerres, les firmes françaises proposent elles aussi des techniques sophistiquées, pour chauffer des bâtiments ou produire de l'énergie grâce à la vapeur. Une technique reste marginale, séduisant plutôt sur le papier : il s'agit de l'incinérateur d'immeuble2323.

Notes
2322.

Michel Tournier, Les Météores, op. cit., p. 129.

2323.

Technique plus usitée en Amérique, portée par la firme « Kernerator ».