Bernard Bezault, attentif aux traductions et à la situation internationale du septic-tank et de ses concurrents...

Lettre de Bezault à M. Van Lint, 14 mai 1912 2394

« Monsieur et Cher collègue

Je prends connaissance seulement aujourd'hui de l'article paru dans le numéro de la « Technique » de Mars dernier et intitulé : Opinion de la Commission Royale Anglaise sur les fosses septiques.

Pour exhumer en 1912 un rapport de 1908, déjà publié d'ailleurs dans différentes revues, y compris la « Technique », c'est que vous avez jugé bon sans doute de renseigner très exactement nos collègues sur le point spécial du rôle de la fosse septique. Aussi c'est avec une véritable surprise qu'à la lecture de cette note je constate qu'il ne s'agit que d'extraits arrangés et même truqués de manière à en dénaturer la véritable portée. C'est ainsi entre autres, qu'au paragraphe 31 il est dit : « M. Cameron revendiquait en faveur de la fosse septique, parmi d'autres avantages, les qualités suivantes: ».

C'est inexact, le 5e Rapport ne met nullement en cause M. Cameron qui, on le conçoit, connaît parfaitement bien l'action de son Septic-Tank.

Sous le paragraphe 32, il est dit : « Le Dr Fowler pense que le travail de digestion (dans la fosse) peut atteindre 25% » - mais il faut dire comme le texte du rapport le précise, et cela a une importance pour ceux qui connaissent le sewage de Manchester, qu'il s'agit de 25% des matières totales.

Sous le paragraphe 36, il est dit dans votre publication : « On peut donc dire que les revendications les plus importantes formulées en faveur du traitement par les fosses septiques, etc... » ; or le texte officiel dit textuellement « quelques-unes des revendications les plus importantes ». Il y aurait beaucoup d'autres observations à faire, mais je ne eux pas allonger démesurément la présente; ce qui précède doit suffire pour juger la valeur qu'on peut accorder à une note présentée comme extraits d'un rapport et dont la première condition devrait être une fidèle et rigoureuse traduction.

Néanmoins, pour compléter cette note relative au traitement préalable qu'il est bon de faire subir aux eaux d'égouts, je considère qu'il serait très utile de renseigner nos collègues sur l'appareil qui cherche, vainement d'ailleurs, depuis 8 ou 9 ans à supplanter les fosses septiques ; à cet égard, il faudrait publier le paragraphe 55 du cinquième Rapport qui déclare : « Une fosse spéciale a été envisagée par le Docteur Owenn Travis, pour l'enlèvement préalable des matières en suspension et des matières colloïdales de l'effluent de la fosse à Hampton. Nous n'avons pas été à même de faire personnellement des observations sur cette fosse » (154).

Enfin, dans le même ordre d'idées, il ne serait pas inutile de faire savoir dans quelle situation, au point de vue de la facilité d'emploi, c'est-à-dire au point de vue des revendications auxquelles on s'expose en employant un système breveté, se trouve l'appareil Hydrolytic-tank dont il vient d'être parlé. A ce sujet, nous trouvons dans la « Gazette de Cologne » du 6 avril dernier, n°385, l'article suivant :

« On nous écrit de Dusseldorf :

D'un grand intérêt pour les villes et les autorités dans le domaine de la technique de l'épuration des eaux, est une décision de l'Office Impérial des Brevets du 30 Oct. 1911, par laquelle la première obtention du brevet Travis a été déclarée en nullité. Cette déclaration de nullité est basée sur le fait que ce procédé a été déjà minutieusement décrit, avant la demande du brevet, dans le rapport de la station d'expérimentation Lawrence of the State Board of Health of Massachusetts Boston 1899 (page 422-31e rapport annuel). D'après ce rapport, le procédé d'épuration était exactement le même que celui du brevet attaqué ; l'eau passait par des bassins ordinaires de décantation et la boue déposée sur le fond a été déversée en même temps dans un bassin de fermentation où elle subissait une fermentation naturelle. La fin de la décision dit textuellement : Vu ces circonstances, la première obtention, même dans sa forme un peu changée de la demande du brevet en litige, ne peut pas être maintenue ».

De cette façon, les choses seront peut-être un peu mieux mises à leur véritable place.

Veuillez agréer, Mon cher Collègue, l'expression de mes sentiments les plus distingués.

B. Bezault, 6 rue d'Astorg, Paris »

Notes
2394.

TSM, juin 1912, p. 154. La typographie a été respectée.