A) La collaboration entre les mondes automobiles et les pouvoirs publics

Dans les années vingt et trente, on assiste la plupart du temps à des tentatives de travail en collaboration et en partenariat, entre acteurs associatifs (AICA et ACR), ou entre associatifs et institutionnels (ACR et commissaires de police, ACR et ingénieurs). Dans cette perspective, ce sont surtout les services techniques de la ville, en manque de connaissances sur ce nouveau secteur, qui cherchent à s’appuyer sur de nouveaux acteurs et de nouveaux savoirs pour développer leur propre capacité experte.

Ces premiers grands rapports n’ont pas toujours une visée technique ou opérationnelle, notamment s’ils ne proviennent pas directement des services technico-administratifs de la Ville de Lyon. Ils sont construits dans la perspective de convaincre, d’argumenter en faveur de l’automobile contre d’autres modes de transports, notamment le tramway, les modes de transport hippomobile ou la marche à pied. Il s’agit d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité et les enjeux de l’adaptation de la ville et de ses caractéristiques (rues, places, commerces, activités, habitants) à l’automobile, comme dans le cadre des études de l’AICA ou de celles réalisées par l’ACR817. En préambule, ils s’articulent autour de propos à visée généraliste, puis ils énumèrent une foule de détails précis censés être directement et facilement applicables. L’objectif consiste alors à mettre en oeuvre des propositions visant à mieux gérer et mieux organiser les conditions de circulation et ainsi faciliter le développement de l’automobile. Les études et les actions envisagées et encouragées portent à la fois sur le contenant (l’aménagement des rues, des places et des carrefours) et le contenu (la circulation des véhicules mais en tenant compte des attributs de cette circulation qui renvoie aux objectifs de se déplacer, « faire des commissions », « visiter un client »…). Dans le cadre de ces premiers rapports, les rédacteurs se focalisent donc sur les questions d’aménagement, de réglementation, de surveillance et de gestion des flux. Nous allons ici présenter ceux qui sont établis en dehors des services techniques de la Ville, pour montrer comment leurs auteurs cherchent à interpeller les pouvoirs publics à partir du développement de connaissances concurrentes ou complémentaires à celles développées par les autorités locales.

Notes
817.

Dès les années trente, à partir de procédures de collaboration renforcées, certains membres de l’ACR se familiarisent avec les modes de travail de l’administration municipale et se positionnent finalement davantage comme des experts techniques « consultants », au service de la commission municipale de circulation, même si le Club s’efforce de garder un rôle d’ « alerteur » et de critique des pouvoirs publics sur sa politique municipale automobile.