La problématique de la thèse

L’interface transport-urbanisme désigne les interactions complexes qui existent entre le système des transports et celui des localisations (des ménages et des activités), en tant que composantes du système urbain global, pour un territoire donné, dont le fonctionnement est déterminé par les comportements de la population en matière de déplacements et localisation spatiale.

La problématique de l’interface transport-urbanisme relève donc d’une réalité complexe, multidimensionnelle. Un modèle est, par définition, une simplification d’une réalité complexe. Toute démarche de modélisation est centrée sur la question de la causalité logique entre les différentes dimensions du système multidimensionnel à modéliser. L’enjeu de la modélisation est d’établir l’existence et la forme de ces relations.

Dans notre cas, nous cherchons à modéliser le fonctionnement du système urbain global, afin de comprendre les interactions entre les différents sous-systèmes urbains et de simuler des politiques de transport et d’aménagement urbain. Ce cadre général correspond à l’objet d’étude du projet SIMBAD (SImuler les MoBilités pour une Agglomération Durable), dans lequel s’inscrit la recherche menée dans cette thèse.

Les choix de localisation constituent l’une des dimensions clés du système urbain global. Des questions liées à la localisation des différentes activités dans l’espace urbain apparaissent partout dans les enjeux majeurs de la planification et de la coordination des politiques de transport et d’urbanisation. Cependant, ce concept de localisation recouvre une diversité d’aspects. A côté des activités économiques et commerciales, des infrastructures physiques et des processus sur les marchés correspondants, la localisation des activités résidentielles constitue une dimension importante dans le fonctionnement urbain, étant en relation avec les transports et les autres activités de la ville.

Dans la modélisation transport traditionnelle, qui s’appuie généralement sur la structure classique des modèles à quatre étapes, l’impact des choix de localisation sur les transports est prix en compte. Toutefois, les choix de localisation sont considérés comme exogènes au modèle transport. La rétroaction de l’impact du système des transports sur le système des localisations n’est donc pas prise en compte. C’est pour cette raison que la problématique de cette recherche a été définie autour de la question de la relation transport-urbanisme, ou plus précisément, de l’impact de la composante transports/déplacements sur la localisation. Elle sera centrée uniquement sur la localisation résidentielle des ménages dans le territoire urbain, sachant que l’autre composante de la localisation – celle des activités économiques, fera l’objet d’un modèle parallèle au sein de SIMBAD.

Lorsqu’on traite de l’impact des transports sur l’urbanisation, on trouve au cœur de cette relation la notion d’accessibilité. L’accessibilité est aussi l’un des facteurs qui orientent les choix des ménages en matière de localisation résidentielle.

Il faut remarquer la complexité de la notion d’accessibilité, à laquelle correspond une multitude de mesures ou d’indicateurs. Ceux-ci peuvent varier selon la mesure qu’on adopte (la distance, le temps ou le coût d’accès) ou selon le type d’opportunités à atteindre (le centre, les infrastructures de transport, les activités économiques, les services commerciaux, les établissements d’enseignement, etc.).

L’objectif de la thèse est donc de proposer une modélisation des comportements résidentiels des ménages. La décision des ménages en matière résidentielle est en fait un processus unique qui intègre deux composantes : le choix de changement de résidence (ou de déménagement) et le choix d’une nouvelle localisation. Compte tenu de ce fait, théoriquement, il serait plus réaliste de modéliser les décisions en matière résidentielle des ménages (mobilité + localisation) par un seul modèle. Toutefois, étant donné le fait qu’on ne dispose pas des données nécessaires pour ce faire, la décision sera décomposée en deux choix : celui de mobilité résidentielle et celui de localisation (solution qui est, par ailleurs, proposée dans la version actuelle d’URBANSIM). La recherche s’appuiera sur le cas lyonnais, qui est le territoire retenu pour le projet SIMBAD. Le choix du territoire répond aux exigences de la prospective SIMBAD, qui se place au niveau du bassin de vie de l’agglomération lyonnaise, tout en tenant compte des contraintes d’accès aux données et des périmètres existant. Le modèle est ainsi construit sur l’aire urbaine de Lyon.

L’année de calage du modèle est 1999 (qui correspond au dernier Recensement Général de la Population et pour laquelle on dispose des bases de données les plus complètes), et les estimations serviront à faire des simulations dans SIMBAD à un horizon d’environ 20 ans (2025), ce qui correspond à l’échelle temporelle à laquelle il est possible de travailler avec ce type d’outils.