1.2.3. L’analyse entrée-sortie de Leontief

Une autre approche de nature économique, l’analyse entrée-sortie, offre des éléments théoriques utiles pour la compréhension et la modélisation de l’interaction entre transport et urbanisme dans le cadre du fonctionnement du système urbain. Cette approche est fondée sur le modèle des interdépendances sectorielles de Leontief. L’intérêt de cette approche réside dans le fait qu’elle introduit la dimension de la production et ses relations avec la structure urbaine ou régionale. Parfois, on considère le modèle de la base économique comme un cas particulier de modèle entrée-sortie (avec seulement deux secteurs de production).

Dans un modèle entrée-sortie, on considère une matrice n * n représentant les flux de vente en ligne et d’achat en colonne. Il s’agit des flux annuels intermédiaires qui se manifestent entre les n secteurs de produits locaux. Dans la matrice on a également des colonnes présentant les ventes de chaque secteur à la demande finale (consommation privée, publique, investissements et exportations), et des lignes présentant les diverses composantes de la valeur ajoutée des différents secteurs (salaires et profits) et les importations.

La matrice entrées-sorties permet d’établir les flux de vente du secteur i vers le secteur j. A partir de ceux-ci, on peut déterminer les « coefficients techniques », qui représentent le rapport entre les flux de vente entre les deux secteurs i et j et la valeur de la production du secteur acquéreur. Ces coefficients techniques indiquent combien d’unités monétaires de produit i il faut pour produire une unité monétaire de produit j. A partir de la matrice des coefficients techniques on obtient la matrice inverse de Leontief, qui ensuite permet de calculer la production de chaque secteur i déterminée par la demande finale adressée à chacun des secteurs j.

L’hypothèse de base des modèles entrée-sortie est l’absence de rendements d’échelle, pour que les coefficients techniques demeurent constants malgré l’accroissement de la production.

Dans les modèles urbains, l’approche des matrices entrée-sortie est utilisée pour représenter les liens entre les différents acteurs, en termes de besoins des entreprises en employés, les besoins des employés en résidences, les besoins des résidents en commerces, etc. En fait, les secteurs économiques se « consomment » mutuellement : l’industrie « consomme » les ménages, les ménages « consomment » des services et du terrain, les activités de services consomment des ménages et du terrain, etc. Ces matrices permettent de calculer les niveaux des besoins d’échange (que l’on peut appeler « flux fonctionnels »).

L’approche entrée-sortie a été implémentée notamment dans les modèles d’interaction transport-urbanisme MEPLAN et TRANUS. Dans le modèle MEPLAN, l’analyse entrée-sortie est utilisée pour traiter les interactions entre les activités, en se basant sur l’hypothèse que la production d’une activité économique consomme d’autres types d’activités et, dans le cycle de production, est consommée par d’autres activités. Dans TRANUS, les activités économiques sont également représentées par un modèle entrée-sortie, qui est utilisé pour effectuer les calculs concernant l’occupation des sols et pour produire les matrices des flux fonctionnels entre les zones.