1.2.5. La théorie de l’utilité aléatoire

L’approche de l’utilité aléatoire, qui est apparue suite aux travaux sur la théorie des fonctions d’utilité aléatoire et des choix discrets (Domencich et McFadden (1975), Anas (1983), Wegener (1994)), intègre de nouvelles hypothèses économiques sur le comportement des acteurs. Elle est, en fait, l’adaptation de la théorie classique du consommateur au champ des choix discrets, et vise à donner un caractère plus réaliste aux modèles de la microéconomie urbaine.

Dans les modèles standards, on considère une fonction d’utilité de l’individu (consommateur) représentant ses préférences qui est de type déterministe, en accord avec la théorie économique néoclassique, qui suppose que l’individu dispose d’un pouvoir discriminant parfait qui lui permet de déterminer sa préférence de manière certaine et cohérente. On fait aussi l’hypothèse qu’il existe une règle de décision de l’individu qui est stable.

Or, en réalité, même si les individus sont dans des situations identiques, leurs choix ne sont pas uniformément rationnels, ni répétitifs. Il est nécessaire donc de prendre en compte la dispersion des préférences individuelles, qui est à l’origine de la variabilité des choix.

Les modèles de choix discret fondés sur la théorie de l’utilité aléatoire s’inscrivent dans la ligne des modèles probabilistes. La formulation probabiliste a l’avantage de permettre d’envisager des localisations discrètes et la possibilité de l’existence de différences entre les préférences individuelles.

Dans cette approche des économistes, ou plus précisément des économètres, introduit par McFadden, l’ensemble de la population est partitionnée en segments en fonction de différentes caractéristiques socio-économiques, dans chaque segment, les individus étant supposés statistiquement identiques. L’utilité de l’individu face à une alternative de choix parmi plusieurs a deux composantes : une composante déterministe, reflétant les caractéristiques de l’alternative et de l’individu, et une composante aléatoire, reflétant les éléments de subjectivité du décideur et les erreurs d’évaluation dues au manque d’information ou à la rationalité limitée de celui-ci.

Ces modèles permettent de calculer la probabilité de choix d’une alternative et donc de prévoir le comportement des décideurs, sur la base de certaines hypothèses sur la distribution de la composante aléatoire. Ils se basent sur le principe de la maximisation de l’utilité, selon lequel l’individu prend la décision en choisissant l’alternative qui lui procure la plus forte utilité. La probabilité qu’un consommateur particulier choisisse une alternative est celle que l’utilité de cette alternative pour ce consommateur soit la plus élevée (plus élevée que pour toutes les autres alternatives).

On va revenir pour présenter plus en détail cette approche, avec sa formulation mathématique et son application dans le contexte des choix résidentiels, dans un chapitre ultérieur de notre travail.