3.2.1. Le choix d’URBANSIM

L’objectif du projet SIMBAD étant d’enrichir la réflexion et le débat sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux à long terme des politiques de transport et d’urbanisme au sein du bassin d’emploi d’une grande agglomération, l’approche modélisatrice a été privilégiée pour permettre de tester ces politiques dans différents contextes prospectifs et d’évaluer leurs impacts sur les trois dimensions du développement durable.

L’ambition de SIMBAD n’est pas le développement d’un outil novateur en matière de modélisation transport-urbanisme, les techniques nouvelles comme la micro-simulation, les automates cellulaires ou les multi-agents ne seront pas retenues.

La sélection du modèle doit permettre d’intégrer facilement les outils « transport » du LET, et dans ce sens les approches « connectées » seront privilégiées.

Le caractère dynamique d’URBANSIM constitue l’un de ses points forts. En fait, la justification de la recherche d’un modèle LUTI se trouve dans la nécessité de représenter la boucle dynamique d’action-rétroaction entre transport et urbanisme. Ce caractère dynamique permet d’envisager des évolutions progressives des scénarios et des réactions retardées des politiques de transport ou d’urbanisme. Les modèles statiques comme METROPOLIS, DSCMOD ou MUSSA ne modélisent pas la boucle interactive entre transport et urbanisme. De plus, l’état initial des transports est intégré dans l’explication des résultats de l’occupation des sols. Les modèles dynamiques basés sur l’entropie (LILT, DRAM/EMPAL) intègrent cette boucle, mais ne modélisent pas le marché foncier et immobilier.

Comparativement avec d’autres modèles LUTI, URBANSIM permet de calculer les changements tous les ans, fournissant ainsi une estimation continue des différents effets des politiques planificatrices.

Il est souhaitable que la représentation de la localisation des ménages et des activités passe par la prise en compte du marché foncier et immobilier. Il est difficile de prendre en compte les aspects clé du processus de développement urbain ou de tester des politiques publiques qui ont un impact sur le prix foncier/immobilier sans modéliser ces marchés. La compréhension de la localisation des ménages et des activités économiques dans le territoire nécessite également la prise en compte de ce marché. URBANSIM est fondé sur une base microéconomique qui lui permet de modéliser ce marché.

A côté de TRANUS, MEPLAN et METROSIM, URBANSIM présente des bases théoriques solides. Ces modèles sont fondés sur une base microéconomique qui leur permet de bien représenter le marché foncier et immobilier, fournissent une structure logique permettant une estimation quasi-dynamique des interactions entre transport et utilisation du sol et offrent également la possibilité de considérer un réseau de transport multimodal. En plus, URBANSIM est fondé sur la théorie de l’utilité aléatoire (approche qui est de plus en plus intégrée dans les modèles LUTI), mais il intègre aussi des techniques nouvelles, comme la micro-simulation (par exemple, dans ses modules de localisation résidentielle et des activités économiques, cette technique et utilisée pour modéliser les choix individuels des ménages et des emplois).

Et si dans les trois modèles spatio-économiques, le module de transport est intégré, la plate-forme d’URBANSIM est beaucoup plus souple et plus ouverte. Le caractère modulaire et flexible constitue un atout important de ce modèle, étant, par ailleurs, l’un des critères essentiels pris en compte au moment où l’équipe SIMBAD a fait le choix du modèle à utiliser. Ce caractère « ouvert » permet, en fait, d’opérer des modifications plus ou moins importantes dans la structure et la logique du modèle (de certains modules) en cas de nécessité déterminée, par exemple, par l’indisponibilité de certaines données requises par la structure initiale. Il y a aussi une large flexibilité quant au choix des variables à introduire dans les différents modules. Le fait de ne pas être intégré avec un modèle de transport préétabli laisse à l’équipe SIMBAD la liberté de construire son propre modèle de transport et de le connecter à URBANSIM.

URBANSIM est le modèle le plus désagrégé sur le plan spatial, ce qui va en concordance avec la tendance actuelle de modéliser les processus et phénomènes à un niveau de plus en plus désagrégé. Au niveau le plus désagrégé, il modélise l’espace urbain au niveau de la parcelle et la demande de transport au niveau de la zone de trafic. Mais il offre la possibilité de jouer avec la résolution spatiale, de comparer les estimations que l’on obtient aux différents niveaux de résolution et de vérifier ainsi la robustesse du modèle estimé.

Par ailleurs, URBANSIM est un modèle plus récent, qui a cherché à prendre en compte les expériences passées et à éviter les limites des modèles précédents.

C’est une plateforme publique, accessible directement en ligne avec sa documentation, et permettant à l’utilisateur d’apporter des améliorations ou des adaptations. Il a également la réputation d’être développé par une équipe universitaire, qui répond facilement aux problèmes auxquels se confrontent ses utilisateurs. En plus, le fait qu’il existe plusieurs équipes de recherche qui utilisent actuellement cette plateforme dans le contexte spécifique européen (Paris, Zürich, Amsterdam), avec lesquelles il est possible d’établir un dialogue et d’avoir des échanges a été également décisif pour le choix de ce modèle.

Enfin, même si URBANSIM nécessite de très grande base de données, sa structure lui permet de s’adapter à différentes résolutions spatiales en fonction des données disponibles pour le marché à modéliser.