3.3.1. L’Enquête Logement 2002 – INSEE

L’Enquête Logement de l’INSEE est la principale source statistique en France qui permet d’apprécier d’une manière détaillée les conditions résidentielles des ménages à un niveau complètement désagrégé (celui du ménage).

Les Enquêtes Logement, réalisées tous les quatre ou cinq ans, fournissent des données plus complètes sur la mobilité des ménages en fonction de leurs caractéristiques et des attributs des logements.

Avec un échantillon d’environ 45 000 logements/ménages, l’EL 2002 permet de développer des analyses approfondies sur ce thème, étant beaucoup plus précise et plus complète que le recensement. En plus, elle intègre une description de l’effort financier des ménages pour leur logement, ce qu’aucune autre source ne permet de faire.

Le tirage de l’échantillon a été effectué dans deux bases de sondage : l’échantillon-maître issu du recensement de la population de 1999, représentatif de la construction achevée jusqu’à la date du recensement, soit mars 1999, et la base de sondage des logements neufs achevés depuis le recensement de 1999.

Le taux de réponse a été de 79,1% des ménages enquêtés (plus de 32 000 ménages répondants).

Un redressement des données de l’enquête (calcul des pondérations des logements échantillonnés) a été réalisé par l’INSEE, afin de corriger l’effet des non-réponses, de réduire les aléas liés au plan de sondage et de redresser les biais propres à l’enquête ou à ses bases de sondage. La méthode utilisée pour ce faire a été le calage sur marges, qui consiste à utiliser une information auxiliaire connue dans l’échantillon et sur l’ensemble de la population, par l’intermédiaire de variables dites de calage, méthode qui a permis de réduire notablement l’erreur d’estimation des variables mesurées par l’enquête.

Les principaux thèmes abordés sont : les caractéristiques physiques du parc de logements (taille, confort, etc.), les critères de la qualité de l’habitat (bruit, localisation, environnement, voisinage, etc.), les modalités juridiques d’occupation du logement, les dépenses associées au logement (loyers, charges locatives ou de copropriété, prix) et les aides dont bénéficient les occupants, les ressources perçues par les différents membres du ménage, le patrimoine en logements des ménages, la mobilité résidentielle des ménages, l’opinion des ménages à l’égard de leur logement et leur désir éventuel d’en changer, les enfants de la personne de référence et/ou de son conjoint.

Parmi les limites de cette source de données, on compte le fait qu’elle ne recense que des résidences principales, les personnes vivant dans d’autres types d’habitat (foyers, maisons de retraite, résidences secondaires) étant en dehors du champ de l’enquête, et que les données ne sont pas spatialisées (on a juste une localisation par tranches d’unités urbaines), ce qui réduit fortement les possibilités d’analyse géographique des conditions de logement des ménages.

Par rapport à notre démarche, pour étudier la mobilité résidentielle des ménages et ensuite modéliser le choix de déménagement (estimer les taux/probabilités de déménagement), on a effectué une extraction de variables de l’Enquête Logement 2002 dont on fait l’hypothèse, en se basant sur les enseignements de la littérature correspondante, qu’elles pourraient être en lien avec les comportements résidentiels des ménages.

Les unités statistiques d’analyse sont les ménages de l’aire urbaine de Lyon (en effectuant l’extraction des seuls ménages résidant dans l’aire urbaine de Lyon, la taille de l’échantillon se réduit à environ 900 ménages, ce qui est statistiquement suffisant pour des besoins de modélisation).

Les variables sélectionnées sont les suivantes :

  • Prix du logement

C’est une variable importante pour la modélisation de l’interaction transport-urbanisme, à côté des variables d’accessibilité. C’est la variable dépendante dans le modèle de régression hédonique du prix foncier/immobilier, qui devient une variable explicative dans le modèle de choix de localisation résidentielle des ménages.

Dans l’Enquête Logement, les données financières liées à l’acquisition par le ménage de sa résidence principale ne concernent que les propriétaires récents. Pour les propriétaires récents ayant acheté logement et terrain ensemble, le prix du logement inclut : l’achat du terrain, les frais de notaire, d’enregistrement, de taxes, les travaux supplémentaires importants, l’achat ou la construction de dépendances supplémentaires dans l’immeuble ou la propriété (garage, parking, pièces supplémentaires). Pour les propriétaires récents qui ont acheté le terrain sur lequel ils ont fait construire leur résidence, le prix du logement inclut : l’achat du terrain, les frais de notaire, d’enregistrement, de taxes, de viabilisation du terrain, les factures relatives aux travaux de conception et de réalisation de la construction, l’achat direct de matériaux de construction, le paiement direct de frais de main d’œuvre, les travaux supplémentaires importants, l’achat ou la construction de dépendances supplémentaires dans l’immeuble ou la propriété (garage, parking, pièces supplémentaires).

  • Moyen de transport de la PR (personne de référence)

Il s’agit du moyen de transport utilisé par la personne de référence du ménage pour effectuer ses déplacements, caractéristique dont on fait l’hypothèse qu’elle pourrait avoir une influence sur les décisions concernant la localisation résidentielle des ménages et qui est corrélée avec la valeur du logement occupé par le ménage.

Cette variable est qualitative nominale, avec les catégories suivantes :

1 = MAP (marche à pied) ou vélo

2 = VP (voiture particulière)

3 = TC (transport collectif)

4 = VP et TC

  • Temps de transport domicile-travail de la personne de référence

Indique le temps en minutes du trajet domicile-travail pour la personne de référence, qui est le motif principal de déplacement, et peut servir comme une mesure d’accessibilité.

La variable est quantitative.

  • Surface totale du logement

C’est une variable quantitative, que l’on a transformée dans une variable qualitative ordinale à 5 classes d’intervalles égales, avec les catégories suivantes :

1 = moins de 70 m2

2 = 70 – 140 m2

3 = 140 – 210 m2

4 = 210 – 280 m2

5 = 280 m2 et plus

  • Opinion sur la qualité de l’air

Lorsqu’on ne dispose pas d’un indicateur qui nous donne une mesure effective de la qualité de l’air (niveau de pollution) de l’environnement résidentiel de chacun des ménages enquêtés, on peut utiliser cet indicateur d’opinion, qui permet d’avoir une image de la perception des ménages vis-à-vis de la qualité de l’air de l’environnement où ils habitent. Notons que la prise en compte de cette variable se base sur l’hypothèse que la perception et les préférences des ménages concernant la qualité de leur environnement résidentiel sont des facteurs qui jouent au moment de la prise de décision de localisation. Ce type de variables d’opinion (comme c’est le cas aussi des variables Opinion sur les espaces verts, Note du ménage sur son logement et Note du ménage sur son quartier) présente l’inconvénient d’être construit et quantifié de façon subjective, et en plus, de nécessiter des projections sur leur évolution future, ce qui est difficilement envisageable.

Les catégories de la variable sont :

1 = Bonne

2 = Moyenne

3 = Médiocre

  • Opinion sur les espaces verts

De même que pour la variable opinion sur la qualité de l’air, on utilise un indicateur de perception des ménages sur la présence d’espaces verts dans la proximité de leur résidence en fonction de leurs préférences, qui va jouer un rôle plus ou moins important dans le choix du logement pour les ménages caractérisés par différents profils socio-économiques.

Les catégories de cette variable sont :

1 = Bonne

2 = Moyenne

3 = Médiocre

  • Ancienneté d’occupation de la personne de référence

Dans l’étude de la mobilité résidentielle, il est important de connaître la fréquence de déménagement des ménages et de la mettre en corrélation avec des variables de cycle de vie et d’autres variables caractérisant les ménages, sachant que la décision de changer de logement est liée à des événements importants de la vie des ménages et à des caractéristiques telles que l’âge de la PR, le revenu, le nombre d’actifs occupés, le nombre de personnes du ménage, etc.

La variable nous indique le nombre d’années passées depuis le dernier changement de résidence de la personne de référence du ménage par tranches :

1 = moins d’un an

2 = 1 – 4 ans

3 = 4 – 8 ans

4 = 8 – 12 ans

5 = 12 ans et plus

  • Âge de la personne de référence

La variable âge permet de situer le ménage dans une position du cycle de vie, de lui associer les événements familiaux qui sont potentiellement susceptibles de survenir dans son évolution. Les bornes choisies pour les tranches d’âge ne doivent pas être arbitraires. Elles doivent être en adéquation avec des événements familiaux comme la mise en union, les naissances des enfants, le départ de chez les parents, la retraite, etc.

L’âge de la personne de référence est une caractéristique démographique qui a son impact sur la mobilité résidentielle des ménages, qu’on peut aussi utiliser pour segmenter la population en vue de distinguer les différents comportements de localisation des ménages, qui varient à différentes étapes de leur cycle de vie.

Pour cela, on a défini deux segmentations par tranches d’âge, codifiées de la manière suivante :

1 = 0 – 24 ans1 = moins de 30 ans

2 = 25 – 49 ans 2 = 30 – 45 ans

3 = 50 – 74 ans 3 = 45 – 60 ans

4 = 75 ans et plus 4 = 60 – 75 ans

5 = plus de 75 ans

  • CSP de la personne de référence

La nomenclature des catégories socioprofessionnelles (CSP) utilisée par l’INSEE contient plusieurs niveaux d’agrégation, en 8, 24 et 42 postes.

Dans la nomenclature en 8 postes, six groupes ventilent les personnes ayant une activité professionnelle, et les deux autres concernent les retraités et les autres personnes sans activité professionnelle (chômeurs, militaires, élèves et étudiants).

Cette nomenclature peut être utilisée de façon partielle, agrégée ou désagrégée, en fonction des objectifs de l’étude.

Dans notre contexte, cette variable peut s’avérer très utile lorsqu’on s’intéresse à la mobilité résidentielle liée à la profession des membres du ménage, mais elle devient moins expressive lorsqu’il s’agit de la modélisation du choix de la localisation résidentielle.

Cette variable de segmentation des ménages est une variable nominale ayant les catégories suivantes (classification en 8 postes de l’INSEE) :

1 = Agriculteurs

2 = Artisans, commerçants et chefs d’entreprise

3 = Cadres et professions intellectuelles supérieures

4 = Professions intermédiaires

5 = Employés

6 = Ouvriers

7 = Retraités

8 = Autres

  • Diplôme le plus élevé de la PR

A priori, on considère que le niveau d’études des personnes permet d’identifier des préférences et des comportements différents de localisation et de choix de l’environnement résidentiel.

Pour cette variable, classiquement on prend comme référence les diplômes académiques, et on peut ainsi distinguer cinq niveaux :

- Aucun diplôme

- CAP-BEP

- BAC

- BAC + 2 ou + 3

- BAC + 5 et plus

Dans l’Enquête Logement 2002, les classes définies sont les suivantes :

1 = Aucun

2 = CEP

3 = BEPC ou BE

4 = CAP, BEP

5 = Baccalauréat professionnel

6 = Baccalauréat technique ou technologique

7 = Baccalauréat général

8 = BAC + 2

9 = Supérieur à BAC + 2

  • Nombre d’enfants à charge

Les variables décrivant la composition du ménage vont assurer la précision des informations sur les événements familiaux. Une des variables à partir de laquelle on peut apprécier la composition du ménage est le nombre d’enfants du ménage.

Le fait d’avoir ou pas d’enfants et le nombre de ceux-ci a beaucoup d’importance dans la décision d’un ménage de changer son logement ou de se localiser dans telle ou telle zone, caractérisée par un environnement social plus ou moins approprié à ses nécessités et préférences.

On a deux possibilités de segmenter les ménages selon cette variable : soit on distingue le nombre d’enfants sur une échelle à plusieurs catégories, soit on différencie simplement les ménages avec enfants des ménages sans enfants.

On va choisir la première option, avec une segmentation en trois catégories :

1 = sans enfant

2 = un ou deux enfants

3 = 3 enfants ou plus

  • Taille (nombre de personnes) du ménage

La taille du ménage est à mettre en relation avec les caractéristiques du logement occupé, comme la surface ou le nombre de pièces. La littérature nous montre aussi que les ménages de différentes tailles sont localisés de façon non uniforme dans l’espace urbain, c'est-à-dire qu’il y a une variation de la taille moyenne des ménages d’une zone à l’autre, avec une tendance d’augmentation vers les périphéries des agglomérations.

On a retenu la classification suivante :

1 = 1 personne

2 = 2 personnes

3 = 3 ou 4 personnes

4 = 5 personnes ou plus

  • Nombre d’actifs occupés du ménage

Le nombre d’actifs occupés d’un ménage doit d’abord être mis en relation avec le revenu du ménage respectif, mais l’existence d’actifs occupés dans un ménage va déterminer aussi la structure par motifs des déplacements effectués par les membres du ménage et de façon indirecte elle va avoir son importance dans le choix du lieu de résidence.

  • Revenu annuel total du ménage

Le revenu, qui exprime la contrainte budgétaire du ménage, est la variable qui joue le plus dans les choix et les arbitrages que les ménages doivent faire entre les différentes alternatives possibles. Le prix ou le montant du loyer qu’un ménage est prêt à payer dépend strictement de ses moyens financiers, et en conséquence, la décision de changer de logement et les caractéristiques du nouveau logement (attributs du logement, du voisinage, localisation, accessibilités) varient en fonction des ressources consacrées à cette fin.

Dans l’Enquête Logement 2002, la variable revenu du ménage est calculée comme somme des revenus individuels perçus au cours des douze derniers mois précédant l’enquête. Il s’agit du revenu brut, et il n’inclut pas les aides au logement.

En fonction de la méthode statistique qu’on utilise, soit on travaille avec la variable dans sa forme quantitative, indiquant le montant annuel total des revenus perçus par les membres du ménage, soit avec une variable ordinale, les catégories de celle-ci étant représentées, dans notre cas, par les déciles de la variable quantitative originale.

  • Note du ménage sur son logement

Cette modalité permet de quantifier l’opinion du ménage sur l’adaptation de son logement à ses préférences et attentes, opinion qui se reflète dans le prix ou le loyer payé par le ménage occupant.

Cette opinion est mesurée sur une échelle de 1 à 10.

  • Note du ménage sur son quartier

De la même façon on a mesuré l’opinion du ménage sur la qualité de son environnement résidentiel, qui est aussi capitalisée dans la valeur du logement.

  • Statut d’occupation du logement

La variable statut d’occupation désigne le statut juridique d’occupation du logement. On distingue les propriétaires et les locataires, tandis que les catégories ménages logés gratuitement et fermier-métayers sont généralement négligées dans les études en raison de leur faible proportion par rapport à l’ensemble des ménages. Il est aussi courant de faire la distinction entre locataires du secteur social (HLM) et locataires du privé.

En fonction de son statut d’occupation et d’autres caractéristiques (préférences, revenus, caractéristiques sociodémographiques, événements familiaux), un ménage sera caractérisé par une plus ou moins forte mobilité résidentielle.

La variable que l’on va définir à partir des données de l’Enquête Logement 2002 est une variable nominale à deux catégories :

1 = Propriétaire

2 = Locataire

  • Indicateur ville centre

Dans l’Enquête Logement 2002, les données ne sont pas spatialisées, la seule information dont on dispose sur la localisation étant le type de commune de résidence du ménage : centrale, de banlieue ou rurale (définitions INSEE - RGP 1999).

Le codage de la variable est :

1 = Commune centre

2 = Commune de banlieue

3 = Commune rurale

Une telle spatialisation rend pratiquement impossible toute tentative de modélisation de la localisation des ménages à un niveau suffisamment fin. Ainsi, on devra utiliser d’autres sources de données pour modéliser la localisation, à travers lesquelles on disposera d’un zonage plus fin et de caractéristiques descriptives des zones.

  • Nombre de déménagements de la personne de référence depuis le 1.12.97

La mobilité résidentielle des ménages peut être exprimée par un indicateur qui montre le nombre de changements de résidence de la personne de référence dans une période antérieure (5 ans dans notre cas).

  • Raison de quitter le dernier logement

Dans l’analyse de la mobilité résidentielle il est important de connaître les raisons principales qui font que les ménages changent de logement, raisons qui sont en général liées à des événements importants ou des préférences des ménages.

Voilà les catégories de cette variable nominale :

1 = sinistre ou catastrophe naturelle

2 = changement d’environnement

3 = nouvel emploi, mutation, retraite

4 = rapprochement du lieu de travail

5 = rapprochement de la famille, retour dans la région d’origine

6 = mariage ou mise en couple

7 = divorce, veuvage

8 = départ de chez les parents

9 = le voisinage ne convient pas

10 = désir d’un logement de meilleure qualité

11 = besoin d’un logement plus grand

12 = changement de statut d’occupation (devenir propriétaire)

13 = désir d’un logement moins cher

14 = autre