4.3. Analyse des comportements de mobilité résidentielle des ménages

Avant de passer à la modélisation proprement-dite, on va présenter une étude des comportements des différentes catégories de ménages en matière de mobilité résidentielle. A cette fin, on va effectuer une analyse des tableaux croisés, qui met en évidence de façon plus explicite, variable par variable (pour les variables de profil des ménages), ces comportements. Cette analyse va également nous aider à confirmer et expliquer les résultats des analyses statistiques effectuées antérieurement.

Tableau n°14 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du nombre d’enfants
Tableau n°14 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du nombre d’enfants

Source : Traitement données EL 2002

En comparant le profil du nombre d’enfants des ménages qui changent leur résidence avec celui des ménages qui ne bougent pas (tableau n° 14), on constate qu’à un ménage avec moins d’enfants correspond une mobilité résidentielle plus élevée, constat qui est en accord avec ce que préconise la littérature de la mobilité résidentielle. En effet, c’est plus facile pour un jeune ménage sans enfant de changer son logement ; avec l’arrivée des enfants, le ménage a tendance à se stabiliser.

Tableau n°15 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du statut d’occupation du logement
Tableau n°15 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du statut d’occupation du logement

Source : Traitement données EL 2002

En faisant le même exercice qu’avant pour la variable statut d’occupation du logement (tableau n° 15), on constate que parmi les ménages plus mobiles, la part des ménages locataires est nettement plus importante que celle des ménages qui sont propriétaires de leur logement. C’est également une tendance qu’on retrouve dans l’étude bibliographique réalisée dans le deuxième chapitre de la thèse, qui s’explique notamment par le fait que l’une des raisons principales pour lesquelles un ménage change de logement est le désir de passer du statut de locataire de son ancien logement au statut de propriétaire du nouveau logement.

Tableau n°16 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction de l’âge de la PR
Tableau n°16 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction de l’âge de la PR

Source : Traitement données EL 2002

A côté du nombre d’enfants du ménage, la variable âge de la personne de référence doit être considérée pour décrire les étapes du cycle de vie des ménages. Aux différentes étapes du cycle de vie d’un ménage correspond une trajectoire résidentielle particulière, avec des moments, dans certaines étapes, où a lieu un changement de résidence. Par rapport aux différentes tranches d’âge, qui correspondent aux différentes étapes du cycle de vie, on constate que les déménagements sont plus fréquents parmi les ménages plus jeunes, avec une tendance vers l’immobilité avec le vieillissement (tableau n° 16). Cette tendance est liée au fait que, naturellement, au fur et à mesure que l’on vieillisse, on est de moins en moins ouvert à la possibilité de bouger et de changer son lieu de résidence. En plus, l’âge de la jeunesse correspond à une étape de la vie dans laquelle, en général, le ménage n’a pas d’enfants, a moins de chances d’être propriétaire d’un logement, la mobilité professionnelle de ses membres est plus élevée, ce qui fait qu’il adopte un comportement résidentiel plus dynamique.

Tableau n°17 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du nombre de personnes du ménage
Tableau n°17 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du nombre de personnes du ménage

Source : Traitement données EL 2002

Concernant la relation entre le nombre de personnes du ménage et sa mobilité résidentielle (tableau n° 17), les chiffres montrent qu’il n’y a pas de différence très nette entre le profil de taille entre les ménages qui changent de résidence et ceux qui ne le font pas.

Tableau n°18 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du nombre d’actifs occupés dans le ménage
Tableau n°18 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du nombre d’actifs occupés dans le ménage

Source : Traitement données EL 2002

L’ambigüité caractérise la relation entre le nombre d’actifs occupés dans le ménage et sa mobilité résidentielle. On voit que, même si les profils en fonction du nombre d’actifs occupés ne sont pas identiques pour les deux catégories de ménages (qui ne déménagent pas et qui déménagent), il n’y a pas de relation évidente, directe ou inverse, entre la mobilité et le nombre d’actifs occupés (tableau n° 18).

Tableau n°19 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du revenu
Tableau n°19 : La mobilité résidentielle des ménages en fonction du revenu

Source : Traitement données EL 2002

Concernant le revenu, on peut observer la proportion plus élevée, parmi les ménages plus mobiles relativement aux ménages moins mobiles, de ceux qui ont un bas revenu (tableau n° 19). Etant donnée l’association entre ménages à bas revenu et ménages locataires, on peut anticiper que l’introduction dans le modèle des deux variables simultanément conduirait à l’apparition de l’effet de colinéarité, sans obtenir une augmentation du pouvoir explicatif global du modèle. Il est également possible qu’une partie de l’effet du revenu sur la mobilité soit expliquée par la variable âge de la PR, si l’on tient compte de la corrélation positive qui existe entre ces deux variables (la tendance de croissance du revenu avec l’âge). Si l’on cherche à établir une relation de causalité, on peut faire l’hypothèse que c’est plutôt l’âge et le changement de statut d’occupation qui constituent de facteurs qui déterminent les ménages à changer de logement.