1.1.3.Sentiment d’identité

D’une manière générale, on définit le sentiment d’appartenance comme « la conscience individuelle de partager une (ou plusieurs) identité(s) collective(s) » et donc d’« appartenir à un (ou plusieurs) groupe(s) de référence » dont l’individu a intégré un certain nombre de traits identitaires (valeurs, modèles comportementaux et interprétatifs, emblèmes, imaginaires collectifs, savoirs partagés, etc.)22. Autrement dit, ce sentiment lie l’individu à un ou plusieurs groupes, repérant et délimitant différents groupes dans un champ social comme « …découpé par des frontières réelles ou symboliques »23.

Le sentiment d’identité donne la cohérence et l’orientation dynamique à l’être tout entier. L’identité définit l’individu de façon stable et définitive. Le sentiment d’identité négative provoque la souffrance surtout lorsque notre image ne dépend pas de nos actes. Quant à l’identité positive, elle est considérée comme un signe de santé mentale, d’adaptation mentale.

Codol (1981) définit de façon très claire les quatre composantes du sentiment d’identité :

  1. Le sentiment d’exister en tant qu’être distinct, unique, différent des autres objets et individus, avec un sentiment d’unité et de cohésion indispensable au pouvoir de distinction. Ce sentiment ne peut être vécu qu’en référence avec d’autres.
  2. Etroitement lié au précédent, le sentiment de sa permanence, de sa constance, de sa continuité dans le temps assuré par le maintien de repères fixes, échappant aux changements. Il consiste dans la perception de soi identique à soi-même, malgré la diversité des représentations de soi, en dépit de la multiplicité de ses rôles, statuts et appartenances, quelle que soit l’hétérogénéité des demandes extérieurs et, enfin, malgré les changements de repères pouvant affecter le sujet dans sa vie personnelle à tous les niveaux : somatique, psychique et social. Les valeurs morales et sociales jouent un rôle important dans ce sentiment d’être en continuité avec soi-même.
  3. Le sentiment de sa cohérence, pas toujours distingué du précédent par les auteurs, qui est le besoin de réduire les éléments cognitifs discordants dans sa conscience (Festinger, 1957) afin d’assurer un sentiment d’unité et un degré raisonnable de cohérence entre ses comportements, ses besoins, ses motivations, ses intérêts et ses valeurs.
  4. La quatrième dimension de l’identité personnelle est la valorisation. Le sujet existe toujours, non de façon insignifiante, mais avec sens et valeur. C’est l’axe central autour duquel chaque individu organise son rapport à soi et aux autres, l’image qu’il a de lui-même ne pouvant être que globalement positive.

Ainsi, pour cet auteur, le sentiment d’identité peut être composé de différentes dimensions : de l’image de soi, du sentiment de soi, de la différence, de son unité, du soi permanent et du soi positif. L’estime de soi a des multiples origines. Selon Codol J.P. (1981), la valorisation ne consiste pas seulement à s’attribuer des qualités considérées, soit par l’individu lui-même, soit par les autres et la société, comme positives, « elle consiste aussi et surtout à s’attribuer à soi-même un certain pouvoir sur l’environnement matériel et social (…) avoir le sentiment que l’on peut influer sur les choses et les êtres, diriger ou maîtriser, du moins partiellement, les événements, sont corrélatifs de toute image positive de soi 24».

Notes
22.

G. Ferréol, G. Jucquois (2003) Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Paris, A. Colin, p.19.

23.

V. Aebischer, D. Oberlé (1998) Le groupe en psychologie sociale, Paris, Dunod, p.5.

24.

J. P. Codol (1981) Une approche cognitive du sentiment d’identité, Social Sciences Information, 20, 1.