1.2.5.L’identité ethnique

Dans la psychologie sociale, l'identité ethnique est considérée avant tout comme une des formes de la catégorisation. Elle est une désignation subjective à la fois individuelle et collective qui se base sur un sentiment d'appartenance ; elle se manifeste dans une série de caractéristiques, au cours d’un processus historique d'opposition significative à d'autres catégories humaines constituées de manière similaire. En général, on peut définir l’identité ethnique comme « … la conscience d’appartenance à un groupe qui se singularise par des pratiques culturelles spécifiques et qui, considérant que cette différence est niée, voit dans les luttes à tous les niveaux une possibilité de déboucher, à terme, sur une société autre où ces différences seraient reconnues »50.

L’identité ethnique ne repose pas sur des données objectives ; elle est une production sociale qui résulte d’une distinction d’ordre symbolique. F. Barth met l’accent sur la nature interactionniste de la production du sentiment ethnique, au sein du groupe même (c’est parce qu’il est reconnu comme membre de la communauté ethnique qu’un individu aura le sentiment d’y appartenir), ainsi que sur les enjeux distinctifs entre groupes définis comme ethniques. Il affirme que les acteurs sociaux construisent leur identité ethnique en opposition à d’autres groupes ethniques, en manipulant des signes et symboles d’appartenance arbitraires et socialement signifiants pour tracer la frontière entre les membres désignés du groupe et les autres.

Plusieurs auteurs reconnaissent quatre composantes définitionnelles dans la structure de l’identité ethnique : l’«attribution catégorielle », la notion de frontière (ou de limite), l’origine commune et la saillance51.

Par contre, si l’identité ethnique devient le seul mode d’appartenance, son surinvestissement réduit les identités de classe à une seule, d’où l’anéantissement de l’identité réelle de l’individu. Ainsi, chaque individu doit avoir un nombre suffisant d’identités diversifiées afin de mettre en œuvre socialement son modèle unique de personnalité (G. Devereux, 1972). La survalorisation de l’identité ethnique peut donc contribuer à diminuer la diversité culturelle.

Notes
50.

D. Fabre Les minorités nationales en pays industrialisés, p. 293 in L’anthropologie en France.  Situation actuelle et avenir, (sous la dir. G. Condominas et Dreyfus-Gamelon), Paris, Ed. du CNRS, 1979.

51.

G. Ferréol, G. Jucquois (2003) Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Paris, A. Colin, p.126.