La définition de l’identité ethnique résulte, selon G. Devereux (1972), d’un postulat d’existence, d’un mouvement d’affiliation, de la conscience d’une appartenance. Elle naît d’une confrontation avec les « autres » et d’une différenciation des autres (« je suis Kazakh et non Russe »). Autrement dit, la conscience de l’appartenance identitaire ne naît pas de l’isolement mais de la communication des différences dans l’interaction. G. Devereux remarque que « le modèle d’identité ethnique d’une tribu complètement isolée serait totalement identique avec son modèle d’identité humaine ». Alors, les groupes élaborent des traits distinctifs dans leur confrontation avec d’autres groupes. Dans les concepts ethnopsychiatriques (S. Freud, 1971 ; G. Devereux, 1972), la dimension ethnique de l’identité est liée au phénomène de narcissisme. Ce lien entre identité et narcissisme se manifeste dans l’idéalisation des images parentales et des modèles culturels de l’in-groupe et de dévalorisation de l’out-group. Freud le souligne lui-même : « la satisfaction qu’un idéal accorde aux participants d’une civilisation donnée est d’ordre narcissique, elle repose sur l’orgueil de ce qui a déjà été accompli avec succès. Afin de parachever cette satisfaction chaque civilisation se compare aux autres cultures, qui se sont consacrées à d’autres tâches et se sont érigé d’autres idéaux. Grâce à ces différences chaque civilisation s’arroge le droit de mépriser les autres 52 ». Ainsi, comme concluent J. –R. Ladmiral et E. M. Lipiansky (1989), la dimension ethnique de l’identité autorise un renforcement du narcissisme qui s’alimente à l’intériorisation dans l’identité personnelle d’idéaux appartenant à la société.
S. Freud (1971) L’avenir d’une illusion, Paris, PUF, p. 19.