1.2.7.Approche psycho-ethnologique (S. Abou, 1981, 1986)

Selon S. Abou (1986), le problème de l’identité ethnique ne surgit que lorsque le groupe ethnique entre en contact avec d’autres groupes et que leurs systèmes culturels s’affrontent. L'identité ethnique est un processus - plutôt qu'un état ou une attribution - à intensité variable et qui s'appuie sur des différences investies de sens par les agents sociaux concernés. Pour S. Abou, il y a trois caractéristiques culturelles principales qui symbolisent l’appartenance ethnique : la race, la religion et la langue. Ces trois facteurs sont fondamentaux dans la construction identitaire d’une ethnie : la langue est un moyen d’exprimer les éléments de la culture, de les nommer et de les véhiculer ; la religion, tout en faisant partie d’un système culturel donné, le transcende en l’incluant dans une vision du monde et une échelle de valeurs correspondante ; la race renvoie symboliquement à l’origine commune. Comme l’écrit l’auteur, pour analyser l’identité ethnique d’un groupe donné, il ne suffit pas de recenser objectivement les traits raciaux et culturels qui le différencient du reste de la nation ; il faut savoir dans quelle mesure ces traits différentiels donnent lieu à la prise de conscience et à la revendication collectives d’une identité particulière. C’est pourquoi Abou adopte une approche interdisciplinaire et se situe dans le courant ethno-psychologique qui considère l’ethnie comme « le groupe culturel primaire53 ». L’ethnie apparaît donc comme le noyau, la racine de l’identité collective. L’identité ethnique, selon Abou, est le premier moment de l’identité culturelle. Elle est l’affirmation de l’identité comme pure négation de la différence54.

Notes
53.

S. Abou (1986) L’identité culturelle. Relations interethniques et problèmes d’acculturation, Paris, Anthropos, p. 35.

54.

Ibid., p. 44.