En psychologie sociale, beaucoup d’auteurs considèrent l’identité comme une structure de la représentation de soi. Dans le chapitre précédent, nous avons montré comment le sociologue E. Goffman (1974), dans sa théorie des rôles joués, a développé la conceptualisation de la représentation de soi et de l’identité, en étudiant les modalités qui permettent à une personne d’assumer des rôles. Sa théorie repose sur la notion de présentation de soi, c’est-à-dire le visage que l’on donne à autrui pour se réaliser. Plus tard, H. R. Markus (1977) a proposé de considérer le soi comme une structure cognitive dans le lien identité/représentation de soi. M. Zavalloni (1984) a élaboré une conception où s’entremêlent représentation de soi, représentations intergroupes et représentations sociales. Puis, le psychologue P. Tap (1988) considère l’identitécomme un sous-système qui exerce un rôle dynamique déterminant dans la genèse et la gestion de l’individualité. Pour lui, l’identité est le « sentiment et la représentation par lesquels le sujet se spécifie et se singularise » (Tap, 1986).
En effet l’équilibre de l’individu, comme l’écrit Camilleri (1990), est atteint quand, entre autres conditions, les représentations et valeurs auxquelles il s’identifie, par lesquelles il fixe la signification de son être, sont celles mêmes qui lui permettent de s’accorder avec son environnement58. Alors est réalisée la cohérence entre ce que Camilleri appelle d’une part la fonction ontologique et d’autre part la fonction pragmatique (instrumentale) de l’identité. L’individu prend conscience de son identité en adoptant le point de vue des autres et notamment du groupe social auquel il appartient. Les représentations de soi jouent un rôle fondamental dans le sentiment d’identité puisque c’est à partir d’elles que les individus appréhendent leur différence et leur similitude par rapport à autrui. Ainsi, nous pouvons constater que « l’identité peut être vue comme un lieu où les représentations sociales s’enracinent dans la conscience individuelle, sont intégrées et transformées pour être appropriées et ensuite être réintroduites dans le public sous forme de discours et d’action » (Zavalloni et Louis-Guérin, 1984).
Dynamique de l’identité, stratégies identitaires H. Malewska-Peyrein Pluralité des cultures et dynamiques identitaires (2000), Paris, L’Harmattan, p 33.