2.2.2.3.Le contenu symbolique

Le symbole constitue un élément de la représentation ; il se réfère à la structure imaginaire des individus et constitue un de ses modes d’expression où la réalité, selon l’interprétation psychanalytique, est construite par les désirs, les attentes et les sentiments que nous projetons sur elle.

Ainsi, la conception de l’objectivation et de l’ancrage est la clé de la théorie des représentations sociales de S. Moscovici. Par la mise en évidence de ces deux mécanismes, Moscovici « s’appuie sur une vision essentiellement interculturelle de la pensée humaine, en imaginant des groupes sociaux en contact avec des situations et des humanités variées, qui avancent, construisent, sélectionnent, trient, recomposent et renouvellent le stock de connaissances à leur disposition 74  ».

Abric J. –C. appelle la représentation « le produit et le processus d’une activité mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification spécifique » (Abric, 1988). La théorie du noyau central d’Abric envisage les représentations sociales comme une structure cognitive comprenant deux types d’éléments : le noyau central et les éléments périphériques. Dans cette structure, le noyau est l’élément le plus important : il donne sens à l’ensemble de la représentation et en constitue l’identité. Le noyau central s’enracine dans le système de valeurs de normes du groupe. Il est aussi l’élément le plus stable de la représentation. Le système périphérique est quant à lui « beaucoup plus associé aux caractéristiques individuelles […] permet une adaptation, une différenciation en fonction du vécu, une intégration des expériences personnelles » (Abric, 1997, p. 28).

Selon Abric (1989), le noyau central – ou noyau structurant – d’une représentation assure deux fonctions essentielles :

Les éléments centraux renvoient aux normes, aux valeurs, aux intérêts, à l’histoire du groupe et sont donc fortement consensuels. Ils expriment les significations que les individus assignent collectivement à l’objet de représentation. Ils correspondent aux éléments les plus stables de la représentation et l’absence de l’un d’eux la déstructurerait ou en donnerait une signification radicalement différente. Les éléments périphériques ne sont pas forcément consensuels. Ils résultent de l’expérience concrète de l’objet réalisée dans des contextes variés. Ils expriment la variété des expériences individuelles tout en respectant une logique commune à tout le groupe car ces dernières sont interprétées à partir du noyau central.

Ainsi, comme le remarque J.-C. Abric (2003), le terme de « représentation sociale » désigne à la fois un processus (la transformation d’un corpus de savoir via l’interaction sociale) et le produit d’un tel processus (sous la forme d’images mentales qui aident à interagir et à interpréter la réalité sociale). Socialement produite, elle est fortement marquée par des valeurs correspondant au système socio-idéologique et à l’histoire du groupe qui la véhicule pour lequel elle constitue un élément essentiel de sa vision du monde76.

Pour D. Jodelet (1989), une représentation sociale est « une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social 77  ». Les représentations sociales aident à former des identités et à organiser et interpréter la réalité sociale ; elles facilitent la communication et orientent l’action. Les représentations sociales apparaissent dans :

a) la cognition des individus (attitudes, opinions),

(b) dans l’interaction en général et dans la communication en particulier (évaluation de l’appartenance à un groupe, stéréotypes et niveaux de confiance attribués),

(c) dans le domaine social (histoire, tradition, idéologie, idées diffusées par les médias).

Les représentations sont donc directement liées à l’appartenance et à la communauté d’un individu. La différence des représentations sociales intergroupes détermine donc la différence des modèles de comportement de chaque groupe. Maintenant, nous allons examiner les conduites, qualifiées de « stratégies », par lesquelles les sujets peuvent tendre à rétablir leur équilibre par les affrontements culturels et leurs conséquences.

Notes
74.

G. Ferréol, G. Jucquois (2003) Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Paris, A. Colin, p.308.

75.

J. –C. Abric L’étude expérimentale des représentations sociales, p. 215 in D. Jodelet (1989) Les représentations sociales, Paris, PUF.

76.

J.-C. Abric (2003) « La recherche du noyau central et de la zone muette des représentations sociales » p.59 in Méthode d’étude des représentations sociales, Editions ères.

77.

D. Jodelet Représentations sociales : un domaine en expansion, p. 53inD. Jodelet (1989) Les représentations sociales, Paris, PUF.