2.3.1.1.Les stratégies de mobilité individuelle

Elles consistent pour l’individu à quitter son groupe d’appartenance, qui ne lui garantit pas une identité sociale positive, pour un autre groupe valorisant. Cette mobilité individuelle s’appuie sur une croyance en la perméabilité des groupes aux individus et en la stabilité, voire en la légitimité, du rapport existant entre les groupes82 (L. Baugnet, 1998). Ainsi l’individu abandonne son groupe qu’il estime ne pas contribuer suffisamment à son identité sociale (L. Baugnet, 2001). Donc, les stratégies individuelles ont pour objectif d’abandonner une identité sociale dévalorisée par l’appartenance à un groupe subordonné, pour rechercher une nouvelle identification dans un groupe socialement dominant.

Cependant, la stratégie individuelle ne change rien ni les positions sociales qu’occupent les groupes dominants et dominés, ni les rapports entre ces groupes. Au contraire, il est dans l’intérêt du groupe dominant de promouvoir par l’idéologie (du self made man, un avatar de l’individualisme) la croyance en la stratégie individuelle qui laisse la hiérarchie des groupes inchangée. Alors, comme conclut L. Baugnet (1998), dans une telle société, l’idéologie encourage souvent l’individu à changer de groupe social pour accéder à une identité sociale positive.

Notes
82.

L. Baugnet (1998) L’identité sociale, Paris, Dunod, p. 92.