Chapitre 3 : Les groupes sociaux et les conflits symboliques dans les relations intergroupes

3.1.Les relations intergroupes comme objet d’étude en psychologie sociale

Dans ce chapitre, nous allons parler des groupes sociaux et des relations intergroupes. Nous allons examiner plusieurs théories importantes sur le comportement intergroupe, en abordant les phénomènes de l’hostilité et des attitudes négatives (préjugés) entre les membres de groupes différents ainsi que de la discrimination, de l’ethnocentrisme et des stéréotypes. Pour nous, les phénomènes intergroupes sont intéressantscar « …ils permettent d’observer une compulsion systématique au stéréotype dans tout ensemble humain 91 ».

En effet, l’objet principal de la psychologie des relations intergroupes consiste à déterminer de quelle façon l’appartenance à un groupe peut affecter le comportement. H. Tajfel considère comme comportement intergroupes « tout comportement premièrement effectué par une ou plusieurs personnes, deuxièmement dirigé vers une ou plusieurs personnes et troisièmement qui se fonde sur l’identification de ces acteurs à différents groupes sociaux 92  ». Alors, pour Tajfel, l’identité sociale est considérée comme le fondement du comportement intergroupes. En psychologie sociale, l’expression « relations intergroupes » « s’applique aux rapports d’amitié ou d’hostilité, de coopération ou de compétition, de dominance ou de soumission, d’alliance ou d’inimitié, de guerre et de paix entre deux ou plusieurs groupes et leurs membres respectifs 93 ». (M. Sherif, C. W. Sherif, 1979). Autrement dit, on parle de relation intergroupe quand l'interaction sociale est influencée par l'appartenance à différents groupes sociaux.

En général, les relations intergroupes impliquent des groupes minoritaires et majoritaires dont le pouvoir et le statut sont inégalement répartis. Autrement dit, la relation entre nous et les autres est asymétrique par définition(C. Giordano, 2008, p. 167). Donc, les relations intergroupes sous-entendent habituellement l’interaction, soit symbolique soit face à face, de groupes ou de leurs membres. M. Sherif et C.W. Sherif ajoutent qu’elles portent un caractère fonctionnel signifiant que les actions de l’un des groupes et de ses membres ont un impact sur un autre groupe et ses membres. Ces relations fonctionnelles peuvent être positives ou négatives. Mais avant de parler des relations intergroupes, nous devons bien aborder la notion du groupe dans la psychologie sociale.

Notes
91.

G. Ferréol, G. Jucquois (2003) Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Paris, A. Colin, p. 307.

92.

A. E. Azzi, O. Klein (1998) Psychologie sociale et relations intergroupes, Paris, Dunod, p. 68.

93.

M. Sherif, C. W. Sherif Les relations intra- et intergroupes, analyse expérimentale, p.15 in W. Doise (1979) Expériences entre groupes, Paris, Mouton.