3.1.2.Groupe comme catégorie sociale

Le groupe a une influence importante dans la construction du sujet social et de son identité. Dans nos jugements, comme écrit L. Baugnet (1998), nos perceptions, nos relations avec autrui, nous nous comportons avant tout comme des acteurs sociaux qui appartiennent aux différents groupes humains et catégories sociales. Lorsque les individus appartenant à un groupe ou à une catégorie rentrent en interaction avec d’autres individus ayant une appartenance différente, plusieurs processus psychosociologiques influençant les comportements, les évaluations et les représentations, sont mis en œuvre. La définition la plus inclusive du groupe a été proposée par Tajfel (1981) et Turner et all. (1987). Selon leur définition, un groupe existe s’il y a des personnes conscientes d’en être membres ; la présence de personnes conscientes d’appartenir à un groupe est donc la seule condition nécessaire et la seule condition suffisante de la réalité d’un groupe95. Le groupe donc est l’une des conséquences de la catégorisation sociale.

Alors, pour l’individu, la connaissance qu’il a d’appartenir à certains groupes sociaux ne peut être définie qu’à partir des effets de la catégorisation sociale qui découpent son environnement social de manière à faire apparaître son groupe et les autres groupes. « Nous sommes ce que nous sommes parce qu’ils ne sont pas ce que nous sommes » (Tajfel, 1979). Ainsi, les recherches de Tajfel, mais aussi de Billing, Bundy montrent que la simple catégorisation de personnes dans des groupes suffit à forger la croyance selon laquelle « nous sommes un groupe » et entraîne une discrimination favorable envers les membres de l’intragroupe aux dépens de ceux des autres groupes. Pour Tajfel (1977), l’appartenance à un groupe contribue à l’élaboration d’une identité sociale positive si ce groupe peut être comparé favorablement aux autres groupes. Car « un groupe social préservera la contribution qu’il apporte aux aspects de l’identité sociale d’un individu positivement évalué par cet individu, seulement si ce groupe peut garder ces évaluations positives distinctes des autres groupes. Dans d’autres circonstances, cette condition doit être créée, acquise et peut être encore défendue par des formes variées d’actions sociales ». (Tajfel, 1977). Le sentiment d’appartenance au groupe permet donc d’établir une identité sociale positive. C’est à travers le sentiment d’appartenance à différents groupes que l’individu acquiert une place sociale. Dans cette perspective, on peut parler de groupe quand des personnes s’y définissent elles-mêmes comme membres (sentiment d’appartenance) et qu’en même temps, elles sont définies par d’autres comme membres du dit groupe (visibilité sociale)96.

Notes
95.

R. Y. Bourhis, J. – P. Leyens (1999) Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes, Madaga, p. 14.

96.

V. Aebischer, D. Oberlé (1998) Le groupe en psychologie sociale, Paris, Dunod, p.5.