L’utilisation de stéréotypes sociaux est souvent conçue comme une des manifestations possibles des préjugés. Par exemple, R. Avigdor (1979) pense que « … l’étude des stéréotypes est indispensable à la compréhension du problème plus général des préjugés, dont ils constituent un aspect important 122 ». Dans son travail consacré à la genèse des stéréotypes, R. Avigdor explique qu’au cours du processus de « socialisation », l’individu élevé dans un groupe acquiert certaines images stéréotypées de divers « out-groups », et les préjugés qu’elles illustrent, avec l’ensemble du système de valeur de son propre groupe. Selon les résultats de ses travaux sur les enfants, R. Avigdor (1979) a conclut que le stéréotype qu’un groupe développe à l’égard d’un autre groupe est fonction du mode de contact existant entre les deux groupes :
Les stéréotypes servent à préserver ou à établir un certain type de rapports avec l’autre, habituellement de façon négative, pour justifier un rejet ; parfois de façon positive, pour critiquer indirectement son propre groupe (G. Verbunt, 2001). Nous trouvons cette idée aussi chez H. Piéron (1968), qui définit le stéréotype comme un cliché des membres d’un groupe. Dans ce contexte, nous pouvons citer Doise (1984) qui pense qu’un stéréotype social existe quand plusieurs membres d’un groupe accentuent les différences qui existent entre les membres de leur groupe et les membres d’un autre groupe tout en accentuant les ressemblances entre les membres de cet autre groupe. Alors, la perception intergroupe procède par les stéréotypes.
Ainsi, l’enjeu des stéréotypes et, en général, des représentations de l’autre, ne relève pas de la connaissance, mais des relations qu’un individu ou un groupe souhaite entretenir avec cet autre. Le stéréotype considère l’autre non comme un individu autonome, mais comme le membre d’un groupe. Selon G. Vinsonneau (1999) le stéréotype correspond à l’aspect cognitif des préjugés, c’est-à-dire qu’il rassemble des caractères appliqués régulièrement et de manière rigide à tout membre d’un groupe social donné, en raison précisément de cette appartenance.A la différence du préjugé, qui désignerait une attitude, une tendance à évaluer favorablement ou non un objet, le stéréotype ne comprendrait que des croyances et des opinions concernant les attributs que véhiculent un groupe social et ses membres123.
R. Avidor « Etude expérimentale de la genèse des stéréotypes » in W. Doise (1979) Expériences entre groupes, Paris, Mouton, p. 87.
G. Vinsonneau (1999) Inégalités sociales et procédés identitaires, Paris, A. Colin, p. 9.