Conclusion du chapitre

Ainsi, les relations intergroupes représentent l’intérêt pour la psychologie sociale qui provient en partie d’une conception de ces relations comme étant souvent problématiques et conflictuelles. En général, la plupart des conflits intergroupes se produisent entre des groupes minoritaires et majoritaires qui bénéficient de plus ou moins de prestige social et dont les rapports dominants/dominés sont souvent perçus comme étant plus ou moins stables ou légitimes. Parmi les théories fondées sur la perspective intergroupe, les théories de Sherif et de Tajfel sont les plus importantes qu’elles se complètent. En effet, les conflits intergroupes ont soit des déterminants réels, soit des déterminants psychologiques.

La théorie des conflits réels de Sherif présuppose l’adhésion de tous les membres d’un groupe à des objectifs communs. D’après Sherif, une hostilité intergroupe se produira là où des groupes déjà bien formés sont en interaction dans une situation compétitive ou réciproquement frustrante. Selon ses expériences, un conflit n’est pas nécessaire ; il suffit d’une séparation au niveau comportemental pour qu’il y ait différenciation au niveau des évaluations et des représentations. Ainsi, l’approche des conflits réels de Sherif indique que les conflits intergroupes pourraient être engendrés par la perception selon laquelle soit les systèmes de distribution des ressources sont injustes et discriminatoires, soit les intérêts du groupe sont menacés, soit leur réalisation est opposée par les actions d’un autre groupe.

Les théories de l’identité sociale et de l’autocatégorisation supposent l’homogénéité à l’intérieur d’un groupe à propos de la définition des catégories sociales et de leurs caractéristiques. Tajfel (1971) a exploré le rôle joué par la catégorisation sociale dans le comportement intergroupes. Il en a tiré la conclusion que, sous certaines conditions, la simple classification des sujets en membres de l’intra-groupe et du hors-groupe est une condition nécessaire et suffisante pour entraîner des formes de favoritisme envers l’intra-groupe et de discrimination envers le hors-groupe. Ainsi, les effets de l’appartenance catégorielle sur les représentations et comportements individuels constituent l’axe principal des travaux de Tajfel et Turner (1979). Dans l’analyse des relations intergroupes, l’usage des modèles cognitifs, exposés dans les théories de ces auteurs donnent une meilleure compréhension des phénomènes de préjugé et discrimination. Cependant, aucune de ces théories présentées n’est à elle seule suffisante pour donner une explication complète des processus qui déterminent les conflits intergroupes.