4.2.La diversité des approches psychisme/culture : approche culturelle, transculturelle et interculturelle
Les approches scientifiques qui s’intéressent à la relation entre le psychisme et la culture sont particulièrement diverses. Cette diversité s’exprime dans le choix de la terminologie utilisée pour référer aux approches de la culture en psychologie. Toutes ces approches ambitionnent de comprendre des rapports entre la culture et comportement. Il est important, cependant, de distinguer toutes ces approches qui, comme soulignent Krewer et Jahoda (1993), se différencient aussi bien par leurs buts que par les méthodologies utilisées. D’après C. Camilleri, G. Vinsonneau (1996)143 et Dasen (2000), elles se repartissent en trois groupes :
- Les études concernant la relation entre psychisme et culturel au sein d’une même culture. Elles étudient phénomène à l’intérieur d’une seule culture, portant en particulier sur l’influence de la culture sur celui-ci, ou des interactions entre le phénomène en question et la culture. Les auteurs les appellent la « psychologie en situations culturellement homogènes », ou la « psychologie monoculturelle ».
- Les études qui se centrent sur les processus d’interaction de plusieurs cultures : les auteurs les appellent « la psychologie transculturelle comparative « pluriculturelle ». Leurs effets sont observables « entre individus ou groupes se réclamant de différents enracinements culturels » (B. Krewer et P. Dasen, 1993, p. 53), mais aussi bien dans le psychisme d’un seul sujet confronté à plusieurs systèmes. Les chercheurs qui se réclament de ce type de recherches (Berry, Poortinga, Segall et Dasen, 2002 ; Sabatier et Berry, 1994 ; Troadec, 1999 ; Troadec, 2001) considèrent que la méthode comparative est essentielle si l’on cherche à construire une psychologie qui ne soit pas monoculturelle et donc probablement ethnocentrique (Dasen, 1993)T. Ogay, Y. Leanza, P. Dasen, N. Changkakoti (2000) Pluralité culturelle à l’école : les apports de la psychologie interculturelle, VEI Enjeux, n° 129, juin 2002. http://www.cndp.fr/archivage/valid/17584/17584-4486-4297.pdf.
- Les études qui se fixent sur la comparaison de différentes cultures : cette approche constitue la « psychologie interculturelle». Elle concerne l’étude des processus d’interactions, et leurs conséquences, entre plusieurs individus et groupes appartenant à différentes cultures, ou l’étude du psychisme d’un sujet confrontant plusieurs systèmes et codes culturels.
Cependant, cette terminologie n’est pas unanimement reconnue, car il n’existe pas de consensus chez les autres auteurs. Certains auteurs (Z. Guerraoui, B. Troadec, 2000) utilisent l’expression psychologie interculturelle pour rendre compte de l’ensemble des approches « psychisme/culture », alors que Camilleri et Vinsonneau (1996) pensent qu’il convient d’attribuer plutôt le terme psychologie culturelle à ces études. A la différence de la typologie de Camilleri et Vinsonneau (1996), les auteurs Z. Guerraoui, B. Troadec (2000) différencient quatre conceptions complémentaires qui composent la psychologie interculturelle contemporaine :
- La psychologie culturaliste, ou culturelle ;
- La psychologie transculturelle ;
- La psychologie (inter)culturelle comparative ;
- La psychologie interculturelle.
Néanmoins, les chercheurs qui interrogent le rapport « psychisme/culture » sont d’accord pour définir deux « courants » principaux en psychologie interculturelle. Cette définition est reconnue aussi par l’Association pour la recherche interculturelle (ARIC) :
- Une approche comparative ou culturelle (cultural) qui oppose elle-même une approche « émique » (emic) ou « interne à une culture » (tendance culturaliste) et une approche « étique » (etic) ou « générale » (tendance transculturelle). Dans le cadre de la recherche interculturelle, l’approche émique se limite à une seule culture alors que l’approche étique prévoit la comparaison entre plusieurs cultures.
- Une approche interactionniste ou interculturelle (cross-cultural) soit l’étude du contact ou de la rencontre entre groupes culturels différents.
En conclusion, nous voulons résumer par les définitions de Dasen (2001) que l’étude de la diversité culturelle, avec ou sans comparaison explicite entre les cultures, permet de mieux comprendre l’ensemble des sociétés humaines, et par le miroir de l’altérité, de mieux comprendre sa propre société. Alors que la méthode comparative permet de remettre en question des théories établies dans un contexte particulier, mais trop souvent considérées a priori comme universelles. Ainsi, la méthode comparative n’est pas différente ou opposée à la recherche portant sur les processus d’interculturation mais, comme souligne P. Dasen (2001), au contraire, ces approches se complètent l’une l’autre.
Notes
143.
C. Camilleri, G. Vinsonneau (1996) Psychologie et culture : concepts et méthodes, Paris, A. Colin, p. 18.
145.
Z. Guerraoui, B. Troadec (2000) Psychologie interculturelle, Paris, A. Colin, p. 8.