4.2.3.Phénomènes des contacts de cultures. Concepts d’acculturation et d’interculturalité

Les contacts de cultures à travers diverses médiations (guerres mondiales, colonisations, décolonisation, génocides, migrations, commerce), ont été constants dans l’histoire. On peut citer par exemple les échanges maritimes dans la Grèce antique entre les cités et leurs colonies (Élée, Phocée…), dans la Rome antique, Venise, les zones de contact en Espagne entre musulmans et chrétiens (Califat de Cordoue), la Syrie après les conflits des Croisades, la route de la soie, les voyages de missionnaires et d’explorateurs, le commerce à partir de Bruges (villes hanséatiques et relations maritimes avec le sud de l’Europe). C’est par ce type d’échanges que de nombreux traités scientifiques et philosophiques sont parvenus en occident, depuis la Grèce antique, l’Asie, la Mésopotamie, l’Inde, ainsi que des techniques très utiles : boussole, informations cartographiques, papier, imprimerie, chiffres "arabes"… Les zones de contacts de cultures peuvent donc être sources de conflits, ou au contraire extrêmement fructueuses.

L’anthropologie, a été la première discipline qui s’est préoccupée des modalités et conséquences de ces contacts, théorisés sous le concept d’acculturation. Maintenant, comme écrivent C. Camilleri et G. Vinsonneau (1996), le contact des cultures devient objet de science qui étudie les phénomènes qui en résultent au plan de la relation au sein des sociétés « modernes » et « traditionnelles », se trouvant dans des processus de transformation. Les groupes en situation d’acculturation sont de plusieurs sortes. Les étrangers à diverses titres : les travailleurs, les réfugiés voulant s’installer dans la société d’accueil, les minorités ethniques censées s’intégrer à une société mais revendiquant une différence culturelle, les rapatriés, etc., quelque soit leur statut, ils posent des problèmes différents pour la psychologie interculturelle. Pour l’individu se retrouvant dans la situation interculturelle, « le contact des cultures est source d’enrichissement mais aussi de questionnements et d’interrogations. Il bouleverse toujours l’individu, si celui-ci n’est pas seulement spectateur mais obligé de vivre dans la durée selon deux codes culturels différents, parfois contradictoires et irréconciliables, des choix, apparents ou réels, s’imposent à lui et l’amènent à réévaluer ses croyances et références de base en fonction du contexte, ou encore à se repositionner dans un parcours de vie afin d’inclure de nouvelles perspectives identitaires et parfois à questionner son appartenance à un groupe ou des groupes 160  ».

Comme l’écrivent A. E. Azzi et O. Klein (1998), la forme explicite d’identification culturelle est le produit du contact culturel. Les identités ne peuvent devenir explicites que dans un contexte de comparaison et que dans le contact culturel qui est le mécanisme sociologique principal permettant cette comparaison. En effet, dans le domaine des relations interculturelles, on observe que les individus ne se comportent pas de la même façon avec les membres de leur endogroupe et ceux de l’exogroupe. Après avoir abordé la notion de la culture du point de vue anthropologique et psychologique, nous voulons exposer les définitions des processus qui en découlent : l’acculturation et l’interculturation. Nous voulons présenter les concepts de ces processus, élaborés par plusieurs chercheurs (H. Stork, J. Berry et d’autres). Commençons donc par le concept d’acculturation.

Notes
160.

C. Sabatier, H. Malewska, F. Tanon (2002) Identités, acculturation et altérité, L’Harmattan, Paris, p.290.