Le terme « interculturel » est apparu dans les années 70 aux Etats-Unis et dans les années 80 au Québec et en Europe. En France, c’est Carmel Camilleri (1989) qui fut un des premiers à construire une psychosociologie interculturelle, permettant ainsi d’ouvrir un champ de recherche sur l’interculturalité. Il adhérait à l’idée que l’interculturel est un champ interactif où les questions portent sur la construction des relations entre « sujets culturellement identifiés ». Selon C. Camilleri, la notion de l’interculturel annonce « …une conception des relations entre cultures sans précédent dans l’histoire des civilisations » (C. Camilleri, 1990). L’interculturel signifie l’interaction entre deux porteurs de culture différente. L’interculturel introduit donc les notions de réciprocité dans les échanges et de complexité dans les relations entre culture. C. Clanet (1990) le définit comme « l’ensemble des processus – psychiques, relationnels, groupaux, institutionnels… - générés par les interactions de cultures, dans un rapport d’échanges réciproques et dans une perspective de sauvegarde d’une relative identité culturelle des partenaires en relation 167 ». L’interculturel caractérise l’ensemble des connaissances et des pratiques développées en situations culturellement hétérogènes.
À la différence du terme interculturel, le multiculturel ne fait pas référence aux interactions entre ces cultures qui coexistent. Le multiculturalismedésigne « un système social où coexistent divers groupes socio-ethniques qui maintiennent leurs particularités respectives ; à la fois en raison du volontarisme des acteurs sociaux, préoccupés par la sauvegarde des identités distinctives, et en raison de l’impossibilité concrète de réaliser une intégration (ou leur assimilation) dans le corps social élargi 168 » (G. Vinsonneau, 1997). Ainsi, le multiculturel signale simplement que des cultures différentes sont co-présentes dans un même ensemble humain (J. Demorgon, 1999). Tandis que l’interculturel suppose dans la société et chez l’individu, un certain type de rapport aux cultures, une volonté de surmonter les obstacles de communication qui résultent de la différence culturelle pour profiter, au contraire, des richesses de chacune (G. Verbunt, 2001). C’est pourquoi le multiculturalisme constitue très souvent une idéologie d’orientation ségrégationniste.
C. Clanet (1990) L’interculturel. Introduction aux approches interculturelles en Education et en Sciences Humaines, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, p. 21.
G. Vinsonneau (1997) Culture et comportement, Paris, A. Colin, p. 180.