Conclusion du chapitre

Dans ce chapitre nous avons voulu apporter un éclairage sur les concepts des phénomènes de la rencontre interculturelle lorsque des cultures différentes entrent en contact. Lors de ces contacts, les cultures changent, s’influencent les unes les autres et doivent alors beaucoup à l’emprunt mutuel. Dans un premier temps, nous avons exploré les différentes définitions anthropologiques et psychologiques de la culture, considérant qu’elle détermine le comportement face à l’altérité. Cette analyse des différentes notions de culture nous semble indispensable pour mieux comprendre la notion d’interculturalité. La psychologie interculturelle, en s’intéressant au traitement psychologique de la diversité culturelle, est capable d’éclairer sa complexité. En effet, l’objectif fondamental du psychologue interculturel est de « repérer et de mesurer l’impact de la culture dans les interactions sociales (en termes d’appartenances assumées, de ressemblances/différences, de comparaison entre des groupes ethnoculturellement hétérogènes, de rapports entre soi et l’identité, etc.) » (R. Mokounkolo, 2006171). En étudiant le rapport entre le psychisme et la culture, nous avons présenté les différentes approches s’intéressant à cette relation : culturelle, transculturelle et celle des contacts des cultures. Nous avons analysé aussi le développement de l’ethnopsychologie au Kazakhstan qui se fonde sur les approches ethnologique et psychologique dans l’étude des phénomènes culturels. Après avoir mentionné certaines recherches faites par les auteurs kazakhstanais, qui nous ont parues très intéressantes, nous nous sommes permis de critiquer leur approche fondamentale où l’accent est mis sur les relations interethniques. Ensuite, nous avons exposé les différents concepts de l’acculturation et d’interculturation, élaborés en Sciences Humaines (anthropologie, psychologie).

En abordant le concept d’interculturalité, nous mettons l’accent sur les notions d’échange, d’interaction, d’interpénétration, sur les rapports entre le « Je » (individuel ou collectif) et l’« Autre ». Ce concept repose sur un usage précis des notions d’identité et de culture. Dans un sens large, comme écrit E. Jovelin (2006) dans son livre Le travail social face à l’interculturalité, l’interculturalité symbolise l’interaction entre les cultures et résulte d’un double mouvement, celui de l’identification à l’étranger qui présente des traits que nous jugeons positifs, engendrant de la séduction par son altérité ; et celui de la méfiance, du conflit qui est créé par l’écart entre « l’autre espéré, attendu et l’autre trouvé ». En effet, comme écrit Demorgon (1999), toute relation interculturelle est le fruit d'une adaptation des individus qui, producteurs de cultures et non pas simple produit de leur culture, vont emprunter ailleurs des réponses que leur propre culture ne peut apporter du fait du renouvellement des situations et des relations. C’est pourquoi, l’interculturel doit être posé comme « engendrement des cultures » qui détermine à la fois des ajustements voulus ou contraints, des innovations bénéfiques ou des chocs et conflits durables. L’interculturel doit être pensé comme « source du devenir des cultures » qui ne « survient pas qu’en aval des cultures acquises » (Demorgon, 1999).

Notes
171.

R. Mokounkolo Travail social en milieu migrant : les apports de la psychologie interculturelle in E. Jovelin (2006) Le travail social face à l’interculturalité, Paris, L’Harmattan.