7. Composition religieuse de la population

Le Kazakhstan est un pays laïc et aucune religion n’a le statut particulier. Conformément à la Constitution et à la loi de 1992 sur la liberté de conviction et les associations religieuses, les croyants sont libres de pratiquer une religion sans être soumis à aucune restriction de leurs droits de l’homme ou du citoyen ou de leurs obligations à l’égard de l’État. Ces dernières années, on observe le renforcement du rôle de la religion dans la société, de l’augmentation du nombre des adeptes et des associations religieuses. Selon les données du Ministère de l’information, exposées dans Le rapport initial du Kazakhstan sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (1999-2001), il y a plus de 3200 associations qui se revendiquent de plus de 40 dénominations religieuses, dont plus de 1700 sont des organisations musulmanes, 250 sont orthodoxes et 85 catholiques176.

Selon les autres sources, au 01 janvier 2003, près de 5000 communautés religieuses représentant 62 confessions, effectuaient leurs activités au Kazakhstan. Plus 75 % de celles-ci sont les communautés musulmanes et près de 1300 appartiennent aux autres confessions dont 378 communautés des chrétiens-baptistes d’Évangile et 222 communautés appartenant à l'Eglise Russe Orthodoxe177. D’après l’estimation de V. A. Ivanov et d’Â. Trofimov (2003), la répartition en pourcentage des croyants selon l’appartenance religieuse au Kazakhstan est la suivante : les musulmans constituent près de 70 %, les orthodoxes (28%), les catholiques (1%), les protestants (au moins 0,5%), les autres (moins de 0,01 %).

La religion dominante est l’islam qui est pratiqué au pays par des Kazakhs, des Ouzbeks, des Tatars, des Ouighours, des Azerbaïdjanais, des Tchétchènes et d’autres ethnies. Au Kazakhstan, le sunnisme de rite hanéfite est le courant principal de l'islam. Chez les Kazakhs, il est mélangé avec le chamanisme, le culte des ancêtres et le sufisme178.

La religion orthodoxe russe est la deuxième confession par le nombre des adeptes. Elle est pratiquée majoritairement par les Russes mais aussi par les Ukrainiens, les Biélorusses, les Allemands russifiés ou les membres de famille mixte, quelques Tatars, etc.179

Le catholicisme est pratiqué dans quelques régions (principalement au nord du pays) par nombre de fidèles d'origine polonaise ou allemande. Certains Ukrainiens appartiennent à l’Église catholique grecque (Église uniate).

En outre, il existe un certain nombre de cultes protestants (principalement les chrétiens baptistes évangéliques et les luthériens). La plupart des protestants sont Allemands ou Polonais. Toutefois, l’activité intense des missionnaires étrangers contribue à la diffusion du protestantisme parmi les Kazakhs, les Russes, les Coréens et les membres d’autres origines.

Le bouddhisme n’est pas largement représenté. La plupart des pratiquants sont des membres de la diaspora coréenne, des Bouriates ou des Kalmyks.

Le judaïsme est pratiqué par des Juifs. Cependant, tous les Juifs n’appartiennent pas à cette religion. Les sondages statistiques dans les différents pays comme la Russie, les Etats- Unis, la Bulgarie et l’Estonie montrent la même tendance qu’un Juif sur trois est chrétien180. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé de l’information concernant le nombre de Juifs pratiquant le judaïsme au Kazakhstan. Mais selon l’estimation de M. Tulskji (2003), probablement, un Juif sur quatre est adepte de cette religion au Kazakhstan181.

De plus, des nouveaux mouvements religieux, auparavant inconnus au Kazakhstan, sont actifs dans le pays depuis le début des années 90. Ils comprennent les Témoins de Jéhovah, le mennonisme, le mormonisme, le wahhabisme, l’Église de l’unification, le Mouvement Hari Krishna, la scientologie, le bahaïsme et la méditation transcendantale.

Dans cette brève présentation, nous avons décrit le Kazakhstan comme un Etat de la région eurasienne avec un des plus hauts degrés de la diversité ethno-culturelle. En effet, en portant en son sein les deux souches ethniques principales : la kazakhe et la russe, le Kazakhstan actuel symbolise la véritable synthèse des cultures turcique et slavo-européenne. Ce mélange biculturel a été appelé par C. Poujol (2000) comme « syncrétisme russo-musulman182 ». En effet, tout au cours de l’histoire, ce territoire a vécu de grandes transformations socio-économiques, politiques et culturelles, qui ont contribué à la formation de cette composition multiethnique de la population. Maintenant, pour comprendre l’originalité de la société interculturelle, nous voulons présenter les contextes historiques et sociopolitiques de ce pays de façon plus détaillée.

Notes
176.

Le rapport initial du Kazakhstan sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, le 17août 2004. www.asie-centrale.com/article.php3?id_article=269 . Lundi, 23 août 2004 par Asie-Centrale.com

177.

V. A. Ivanov, Â. Trofimov (2003) Les religions au Kazakhstan (en russe), Almaty, Arkaim, p. 3.

178.

I. Ivanov, J. Trofimov (2003) Les religions au Kazakhstan (en russe), Almaty, Arkaim, p.37.

179.

S. Peyrouse (2003) Des chrétiens entre athéisme et islam. Regards sur la question religieuse en Asie centrale soviétique et post-soviétique, Paris, Maisonneuve & Larose/IFEAC, p. 167.

180.

M. Tulskji (2003) Le portrait confessionnel du Kazakhstan (en russe), http://portal-credo.ru/site/?act=fresh&id=102

181.

M. Tulskji, ibid.

182.

C. Poujol (2000) Le Kazakhstan, Paris, PUF, p. 123.