6.2.2.1.La religion orthodoxe au Kazakhstan

L’Eglise orthodoxe constitue la confession chrétienne la plus implantée au Kazakhstan. L’histoire de l’apparition de la religion orthodoxe est liée aux premières colonies militaires russes et allemandes après le rattachement du Kazakhstan à la Russie. Les premiers prêtres orthodoxes apparaissent en 1866 à Turkestan et à Tchimkent244. Avant la Révolution 1917, l’Eglise Orthodoxe Russe fut la religion principale de la Russie tsariste et bénéficia de statut supérieur par rapport aux autres confessions. L’église orthodoxe eût une activité missionnaire et l’Etat russe stimula la conversion des autochtones à l’orthodoxie par certaines subventions et avantages sociaux.

Depuis l’indépendance du Kazakhstan, le nombre de paroisses dans le pays n‘a cessé d’augmenter, passant de moins de 90 édifices en 1989 à 131 en 1993 et 222 en 2003. La force de l’orthodoxie réside, comme écrit S. Peyrousse (2003, p. 133) non pas dans son nombre de pratiquants réguliers mais dans son image de « religion nationale » russe. Comme l’islam, l‘orthodoxie est un parallèle entre l’appartenance religieuse et ethnique. En fait, l’orthodoxie s’efforce tout d’abord de maintenir le lien qu’elle considère intrinsèque entre russité et christianisme orthodoxe : les fondements et références culturels de tout ressortissant de nationalité russe ou même slave, croyant ou non, seraient empreints de l’histoire de cette Eglise. Face à la kazakhisation de la politique nationale, on observe le lien entre le renforcement du sentiment ethnique et la revendication à l’appartenance religieuse chez les minorités slaves. Cependant, malgré l’apparente importance de la relation entre russité et orthodoxie, l’identification ethnique reste aujourd’hui largement prédominante sur toute identification religieuse : au Kazakhstan comme dans toutes les républiques voisines à l’exception de groupes marginaux, on est Russe avant d’être chrétien, Kazakh avant d’être musulman245.

Notes
244.

V. Ivanov, Â. Trofimov (2003) Les religions au Kazakhstan (en russe), Almaty, Arkaim, p.67.

245.

M. Laruelle, S. Peyrousse (2004) Les Russes du Kazakhstan. Identités nationales et nouveaux Etats dans l’espace post-soviétique, Paris, Maisonneuve & Larose/IFEAC, p. 178-179