6.2.2.2.Le catholicisme au Kazakhstan

Après les premières visites des missionnaires chrétiens européens datées de XIIIe siècle, le catholicisme a été évincé par l’islam jusqu’à la moitié du XIXe siècle. Le catholicisme revient au Kazakhstan après son rattachement à l’empire russe. Les premières paroisses catholiques apparaissent au cours du XIXe – début du XXe siècleavec les Polonais condamnés (accusés des révoltes contre la politique tsariste) et les migrations des Allemands et des Lettons de la Russie européenne dans les steppes kazakhes246. Plus tard, la déportation stalinienne des peuples européens a contribué à l’accroissement du nombre de catholiques dont des Polonais, Lithuaniens, Ukrainiens et Biélorusses. Les protestations et l’amnistie partielle de la minorité allemande dans les 50 du XXe siècle ont permis la formation de paroisses catholiques tout d’abord à Karaganda puis à Almaty et Djamboul. A la veille de l’éclatement de l’Union soviétique, le catholicisme compte quelque 31 paroisses au Kazakhstan247.

Ainsi, l’existence de cette confession à l’époque soviétique témoigne que les minorités ethniques dont les Allemands, Polonais, Ukrainiens ont pu maintenir leur identité culturelle malgré l’objectif du pouvoir soviétique de les assimiler le plus vite possible au reste de la population soviétique. Le résultat est un demi-succès : la moitié au moins de la population des Allemands qui vivaient en l’U.R.S.S. donne aujourd’hui dans les sondages comme langue maternelle le russe248. « …Cet « Allemand soviétique » ethnique est un produit de l’histoire de l’URSS qui n’est fait que de migrations incessantes, intensives, massives, de déplacements, de mobilisations, de déportations 249. Quant à leur religion, si importante au début du XXe siècle, elle s’est fragilisée car combattue par le régime soviétique, mais a pu reprendre de l’importance en tant que manifestation sociale et culturelle.

Actuellement, la population de rite catholique qui compte environ 150 000 croyants, est concentrée essentiellement dans les grands centres industriels du Kazakhstan (Karaganda, Astana) et dans le Nord du pays (Pavlodar et Petropavlovsk). En raison de l’émigration massive des Allemands, les paroisses catholiques se sont réduites fortement (de 70% à 100% dans certaines régions). Cependant, au Kazakhstan fonctionnent encore officiellement 90 communautés catholiques.

Notes
246.

V. Ivanov, Â. Trofimov (2003) Les religions au Kazakhstan (en russe), Almaty, Arkaim, p.79.

247.

M. Laruelle, S. Peyrousse (2004) Les Russes du Kazakhstan. Identités nationales et nouveaux Etats dans l’espace post-soviétique, Paris, Maisonneuve & Larose/IFEAC, p. 133.

248.

S. Dorlin (2003) Histoire culturelle des Allemands au Kazakhstan de la Seconde guerre mondiale à nos jours : des efforts d’enracinement aux perspectives de retour, Thèse de doctorat, Lyon, p. 380.

249.

B. Alicheva-Himy (2005) Les Allemands des steppes. Histoire d’une minorité de l’Empire russe à la CEI, Berne, p. 327.