Deuxième partie : problématique de recherche

Dans cette partie du travail, tout d’abord, nous allons présenter la problématique de notre thèse qui est inspirée par la situation multiethnique du Kazakhstan et par les complexités de la construction identitaire chez les jeunes appartenant aux différents groupes ethniques.

Les relations intergroupes constituent un domaine important de l’investigation en psychologie sociale. L’intérêt manifesté pour l’étude de ces relations est justifié par l’argument selon lequel les relations intergroupes sont souvent conflictuelles et constituent un problème social auquel il faut remédier, comme remarquent A. Elia Azzi et O. Klein262. Depuis longtemps la question des conflits intergroupes a intéressé les psycho-sociologues qui ont étudié les relations entre les groupes. Ils ont tenté de comprendre les raisons de ces conflits et de proposer des stratégies pour les affaiblir, voire les supprimer. Les conflits intergroupes ont les origines différentes mais les psychologues ont toujours une attention toute spéciale pour ceux « …qui se rattachent aux préjugés raciaux et à la discrimination exogroupale, c’est-à-dire à des problèmes dont les rapports avec des composantes idéologiques semblent évidents »263.

Ainsi, le terme de relations intergroupes s’applique aux relations entre unités sociales, grandes ou petites264 (M. Sherif/C.W. Sherif, 1969). La problématique des relations intergroupes au Kazakhstan se présente avant tout sous la forme de relations entre les groupes ethniques. Il faut remarquer qu’au Kazakhstan, l’identification de l’individu se construit avant tout sur la base de l’ethnicité. L’origine ethnique est un élément important dans la construction identitaire au Kazakhstan car l’individu s’identifie tout d’abord comme un Kazakh, Russe, Allemand etc.

Le principe de la division selon l’origine ethnique est un héritage du concept primordialiste de Staline sur la nationalité qui continue à dominer au Kazakhstan. Dans l’ethnologie soviétique, l’idée de primordialité fut dominée sur la définition de l’ethnie. L’accent est mis sur des attachements qui tiennent à la langue, à la religion, à l’ethnonyme ou à d’autres traits spécifiques, qualifiés comme « qualités primordiales » de l’identité ethnique. Ces attachements étaient considérés comme un donné à l’individu dès sa naissance265.

Au Kazakhstan l’appartenance ethnique figure jusqu’à présent sur la carte d’identité et sur le passeport. Cette catégorisation ethnique comme un phénomène socio-psychologique est engendrée par l’ancien système de la division administrative de l’U.S.R.S.S. selon l’appartenance ethnique de la population locale et donc s’explique par la politique nationale menée pendant toute la période soviétique.

Notes
262.

A. Elia Azzi et O. Klein (1998) Psychologie sociale et relations intergroupes, Paris, Dunod, p. 7.

263.

R. Y. Bourhis, J. – P. Leyens (1999) Stéréotypes, discrimination et relations intergroupes (2è édition), Spirmont, Belgiques, Madaga, p. 336.

264.

M. Sherif, C.W. Sherif Les relations intra- et intergroupes, analyse expérimentale in W. Doise (1979) Expériences entre groupes, Paris, Mouton, p. 16.

265.

M. Segalen (2001) Ethnologie. Concepts et aires culturelles, Paris, A. Colin, p. 20.