Pourquoi notre échantillon est-il composé de lycéens et d’étudiants ? Cette tranche d’âge nous intéresse en raison de la transformation dynamique de l’identité des jeunes au cours de la maturation, en passant la phase de l’enfance à l’âge adulte. Les jeunes lycéens adolescents retiennent notre attention parce que « …durant l’adolescence, comme le dit Blos(1962), on peut le mieux étudier le moi dans la fonction et les mécanismes qu’il utilise pour achever sa fonction de médiation ». En plus, « …c’est au niveau de la personnalité de l’adolescent qu’on constate le plus la pluralité d’appartenances ». R. Kaës (1980), dans son travail, cite les auteurs A. et M. Mitscherlich qui expliquent « …qu’à la différence de l’enfant qui est beaucoup plus plongé dans son milieu familial propre, l’adolescent aura la possibilité par un contact permanent, à travers études, distractions, etc. de subir la marque d’autres groupes en ressentant d’autres systèmes de valeurs, d’autres modes de vie, voire d’autres modes éducatifs lorsque le contact est très intime ». Pendant la période de l’adolescence, l’identité d’un individu se trouve ébranlée dans la crise de personnalisation. Cette crise d’identité, ayant lieu en même temps que la reconstruction et la révision idéologique du pays en voie de développement, nous intéresse comme un phénomène socio-psychologique permettant de comprendre la complexité de la construction d’identité des jeunes.
Concernant les étudiants adultes qui sont plus âgés (20-31 ans), cette population nous semble intéressante, car leur évolution s’est déroulée sur deux époques : soviétique et post-soviétique. Cette génération, appelée « les enfants de la perestroïka » représente un grand intérêt psychologique. En fait, leur socialisation était sous influence d’idées divergentes, dans une atmosphère de mélange des cultures et de révision des valeurs286. En raison du contexte de leur socialisation (la chute de l’URSS et le remplacement de l’idéologie nationale, la transition entre l’économie planifiée et l’économie de marché), dans la conscience de ces jeunes, les nouvelles valeurs typiques des sociétés occidentales (individualisme, pragmatisme) s’unissent avec les valeurs culturelles traditionnelles (collectivisme, équité, égalité)287. Nous trouvons cette fusion idéologique importante, du fait de son influence sur la construction identitaire de ces jeunes.
D. D. Eshpanova, A. N. Nysanbaev (2004) Portrait social de la jeunesse dans le Kazakhstan moderne (en russe), p. 91, La revue Recherches sociologiques, 2004, n°12, Moscou, RAN.
Ibid.