Dans notre échantillon, 97,8% de tous les enquêtés font leurs études en russe, et seulement 8% en kazakh. Parmi eux se trouvent des étudiants qui ont fait leurs études en kazakh à l’école et au lycée mais qui, à l’Université, ont décidé de continuer leurs études en russe. Ils expliquent leur décision de changer de langue par le niveau bas de l’enseignement en kazakh à cause du manque de spécialistes et de manuels de littérature scientifique. Ainsi, le fait que la majorité des étudiants kazakhs fassent leurs études en russe, ne sous-entend pas qu’ils ne connaissent pas la langue kazakhe. Dans leur majorité, ces jeunes sont bilingues, pratiquant le russe dans l’établissement scolaire et le kazakh dans la famille.
La différence entre la qualité de l’enseignement en kazakh et en russe pose le problème du choix de la langue principale d’enseignement. Beaucoup de parents sont confrontés à un dilemme : quelle langue principale d’études faut-il choisir pour leur enfant ? Le russe est plus développé dans le système de l’enseignement, mais il est moins important dans la vie professionnelle, alors que le kazakh, en dépit de son niveau peu élevé d’enseignement, devient de plus en plus indispensable dans la société.
Selon les données officielles, au début de l’année scolaire 2004/2005, sur l’ensemble des jeunes des écoles secondaires au Kazakhstan, 55,8% étudiaient en kazakh ; 40,5% en russe (dont une forte proportion de Kazakhs) ; 3,7% dans d’autres langues (ouzbek, ouïgour et autres)294.
Dans les établissements d’études supérieures, cette proportion s’inverse : 40% de jeunes étudiaient en kazakh ; 58,8% en russe ; et 0,5% en ouzbek, 0,7% en anglais295.
La différence avec la répartition de référence est très significative. chi2 = 695,04, ddl = 2, 1-p = >99,99%.
Le chi2 est calculé avec des effectifs théoriques égaux pour chaque modalité.
O. B. Altynbekova (2006) Les processus ethnolinguistiques au Kazakhstan (en russe), Almaty, Ed. Economika, p. 129.
O. B. Altynbekova (2006) Les processus ethnolinguistiques au Kazakhstan (en russe), Almaty, Ed. Economika, p. 132.