8.2.4. Le choix du conjoint selon l’appartenance ethnique

Dans cette partie de notre recherche, nous voulons étudier la position des jeunes vis-à-vis de l’appartenance ethnique et religieuse de leurs futurs conjoints. Sont-ils plutôt enclins à épouser quelqu’un appartenant au même groupe ethnique qu’eux, ou bien l’origine de leur futur(e) époux(se) leur est-elle indifférente ? Ces questions sur le choix du conjoint selon son appartenance ethnique et religieuse permettront d’évaluer la distance sociale et l’attitude à l’égard des autres groupes ethniques. Dans ce but, nous avons posé la question suivante à tous les enquêtés : « Quelle valeur attachez-vous à votre futur(e) époux(se) s’il (elle) est d’origine kazakhe, russe, ou appartient à une autre ethnie ? ».

Au Kazakhstan, le choix du conjoint est indissociable des questions « ethnique » et « religieuse ». En fait, les mariages ethniquement mixtes sont rares chez les Kazakhs, et surtout entre les Russes et les Kazakhs. On peut même dire que, sur cette question, il existe une « distance sociale » entre les musulmanes et chrétiennes. Même à l’époque soviétique, les mariages entre ces deux groupes culturels n’étaient pas largement répandus, malgré la déclaration de « l’amitié des peuples » et l’objectif de construire « la nation soviétique » sans aucune référence à l’origine ethnique. Les mariages mixtes entre les représentants des différentes ethnies au Kazakhstan avaient lieu plutôt chez les Russes, les Ukrainiens, les Allemands, les Tatars et les Biélorusses306.

En 2004, 18,7% de mariages mixtes ont été enregistrés au Kazakhstan. Ce nombre a baissé par rapport à l’année 1999 (21,4%)307. Chez les Kazakhs, 5,2% d’hommes se sont mariés avec une femme d’une autre origine ethnique, et 4,2% de femmes ont épousé un homme d’une autre ethnie. On trouve beaucoup plus de mariages mixtes chez les Russes : 25,6% d’hommes se sont mariés avec une femme d’une autre origine ethnique, et 30,1% de femmes ont épousé un homme non-russe308.

Il convient de noter que plus de 80% des Biélorusses, des Tatars, des Allemands et des Ukrainiens (hommes et femmes confondus) se marient avec des personnes d’autres origines ethniques. Cette situation s’explique par la réduction du nombre de ces quatre ethnies au Kazakhstan, et c’est pourquoi le nombre des mariages mixtes augmente309.

Malgré une tolérance interethnique assez répandue au Kazakhstan, dans la plupart des cas, les mariages mixtes, surtout entre les ethnies musulmanes et chrétiennes, restent mal vus dans la société. Souvent, les jeunes mariés doivent faire face à une pression de la part de leurs parents et de leurs proches. Par contre, les familles sont plus tolérantes si les fiancés sont de même religion (musulmane ou chrétienne) ou d’une culture proche (slave, russophone ou turcique). C’est pourquoi les parents d’origine russe acceptent plus facilement les mariages de leurs enfants avec des Ukrainiens, des Allemands, ou même des Coréens, qu’avec des Kazakhs. Les parents d’origine kazakhe préfèrent que leurs enfants épousent des Kirghiz, des Uzbeks ou des Tatars, et sont en général défavorables à des unions avec des Russes.

Notes
306.

E. Ishpanov (2006) L’accroissement des mariages mixtes ethniques au Kazakhstan est inévitable (en russe). http://www.zakon.kz/our/news/news.asp?id=30067411&NP=1

307.

Selon les données de l’Agence de statistiques de la République du Kazakhstan. http://www.stat.kz/RU/publishing/Pages/2005_god.aspx

308.

Selon les données de l’Agence de statistiques de la République du Kazakhstan. http://www.stat.kz/RU/publishing/Pages/2005_god.aspx

309.

Selon les données de l’Agence de statistiques de la République du Kazakhstan. http://www.stat.kz/RU/publishing/Pages/2005_god.aspx.