8.4. Appartenance linguistique dans la construction identitaire des jeunes et la communication interculturelle

Dans la construction identitaire, « … la langue est généralement un important enjeu et l’utilisation du code linguistique sert à témoigner de l’appartenance à un groupe, à se rapprocher ou au contraire à se distancer de ses partenaires d’interaction ; là également, plusieurs stratégies dans le comportement de communication sont reliées aux conditions de la relation intergroupes  318 ». C’est pourquoi, en faisant notre recherche sur la construction identitaire des jeunes appartenant aux divers groupes ethniques, nous prenons en considération le facteur linguistique qui est un marqueur identitaire important et qui « …se conjugue alors au communautarisme religieux et culturel 319  ». En fait, « la langue est donc plus que le « véhicule » d’une identité : en permettant l’avènement du « soi » dans la sphère sociale, elle participe intimement de la construction identitaire du sujet individuel. Et tant qu’objet partagé, elle constitue une dimension spécifique de l’identité collective » (Le Page et Tabouret-Keller, 1985)320. La langue reste l’un des référents identitaires du groupe ethnique qui permet de se différencier des autres groupes culturels. Selon Ph. Blanchet, la langue joue dans les processus généraux de catégorisation, une fonction ethno-démarcative, à l’œuvre lorsque des langues différentes sont en contact, mais aussi entre des variétés d’une même langue321.

Cependant, actuellement, la plupart des ethnies non-russes sont les victimes de la politique de russification menée pendant plusieurs décennies. Le résultat de cette politique est l’ignorance de la langue d’origine qui ne peut donc pas remplir son rôle de l’identification culturelle. Notre objectif était d’analyser comment les jeunes appartenant aux différents groupes ethniques connaissent leur langue d’origine et selon quels critères ils l’identifient.

Notes
318.

P. R. Dasen & T. Ogay (2000) Pertinence d’une approche comparative pour la théorie des stratégies identitaires, p. 60 in J. Costa-Lascoux & M.-A. Hily & G. Vermès (Eds.) Pluralité des cultures et dynamiques identitaires. Hommage а Carmel Camilleri, Paris: L'Harmattan, pp. 55-80.

319.

S. Peyrouse (2003) Des chrétiens entre athéisme et islam. Regards sur la question religieuse en Asie centrale soviétique et post-soviétique, Paris, Maisonneuve & Larose/IFEAC, p. 191.

320.

G. Ferréol, G. Jucquois (2004) Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Paris, A. Colin, p. 159.

321.

Ph. Blanchet (2000) L’approche interculturelle comme principe didactique et pédagogique structurant dans l’enseignement/apprentissage de la pluralité linguistique, Centre de recherche sur la Diversité Linguistique de la Francophonie, Université Rennes 2 Haute Bretagne – France, p. 23. http://ressources-cla.univ-fcomte.fr/gerflint/chili3/blanchet.pdf